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12 mars 2023 7 12 /03 /mars /2023 11:21

Récemment, j’ai été interviewé par une journaliste intervenant dans le domaine de la chirurgie esthétique. Au cours de notre discussion, elle m’a évoqué que, selon elle, toutes les femmes ont « subi » cette phrase de leur conjoint : Je te préfère au réveil le matin. Pour elle, cette phrase n’était pas valorisante alors qu’elle mettait tant d’effort pour se faire belle le matin.

Ce partage m’a surpris, car bien qu’étant un homme, je n’ai jamais employé cette sentence. Lui partageant cela, elle a insisté en disant que c’était un marronnier entre femmes d’évoquer cette fameuse phrase. Elle l’interprétait comme quoi il ne fallait pas qu’elle soit trop belle pour son conjoint.

Tout cela m’a donné à réfléchir sur ce qui se joue pour les femmes et les hommes qui vivent cette phrase et qu’elle est la différence entre l’apparence du matin et celle de la journée.

Ma tête me raconte qu’au cours de la journée, pour certains nous sommes apprêtés, en représentation en montrant notre vitrine et non notre être. Le matin nous sommes à nu. A l’éveil, on montre ce que l’on est, c’est-à-dire notre cœur, nos émotions, notre sensibilité… Il n’y a pas encore de masque pour tenter d’avoir l’air.

Or lorsque l’on est amoureux, comme dit le renard dans le Petit Prince, on regarde désormais l’autre avec le cœur et non avec les yeux. Aimé, c’est avoir de la tendresse pour les fragilités de l’autre qui font toute son humanité. Alors, peut-être, lorsque l’on dit à l’autre cette fameuse phrase, c’est une façon de dire que l’on l’aime tel qu’il est et non son image, que l’on prend plaisir à être connecté à lui, que l’on a envie d’authenticité.

Cela demande à l’autre de faire de la place à sa sensibilité, d’oser être soi, d’être capable de se montrer à nu, d’authenticité et de faire taire cette machine à jugement qui font que les filles ont tendance à se basher naturellement comme la très bien écrit Sophie Cheval dans son livre Belle Autrement.

Dans le documentaire, Tout va bien le premier commandement du clown, on suit des élèves dans une école pour apprendre le métier de clown. A la fin de leur formation, une fois clown, ils se mettent par deux, droit et sans bouger, dans des espaces publiques : métro, centre commerciale, etc. La foule passe à côté sans jeter un regard. J’ai pu vérifier auprès du réalisateur que c’était bien le reflet de la réalité et non le fruit du montage. Devant cette expérience, je ris en pensant à tout le temps, l’argent et l’énergie que l’on met le matin pour avoir l’air, alors que la plupart des personnes n’en ont rien à foutre.

Dans quel état abordez-vous le matin ?

  • Le réveil peut être un moment magique lorsque l’on ouvre les yeux pour savourer les premières couleurs du matin, lorsqu’on est dans une posture contemplative, disponible à la rencontre avec soi et son partenaire, lorsqu’on est dans l’ouverture, lorsqu’on dit bonjour à la vie avec gourmandise et bienveillance, lorsqu’on est bien ancré dans le présent du moelleux de nos draps et des premières perceptions sensorielles…

 

  • Le réveil peut être douloureux lorsqu’on est trop chiffonné par la nuit, lorsqu’on démarre en lutte contre la vie et les autres, lorsqu’on est plus préoccupé par le discours de soi que d’oser être soi, lorsque notre agressivité nous déborde, lorsqu’on commence a faire la liste des choses à faire ou des soucis pour quitter le présent et se perdre dans le passé ou le futur…

En tout cas, pour moi, si la vitrine participe, lors d’une rencontre, à me faire rentrer la première fois au contact de l’autre, ce qui m’importe est principalement l’humanité de la personne qui me semble en effet notamment plus visible le matin. Il y a un moment possible d’authenticité et de tendresse au réveil. Le blabla de notre tête n’a pas encore eu le temps de formater notre visage et de le crisper. Le cœur s’exprime plus librement.
Et vous ? Est-ce que vous avez déjà dit cette phrase ou l’avez-vous entendue ? Comment êtes-vous le matin ? Qu’en pensez-vous ?

 

Boris Vian On tuera tous les affreux Livre de Poche

Sophie Cheval Belle Autrement Ed Armand Colin

Jean-Christophe Seznec J’arrête de lutter avec mon corps Ed Leducs

 

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8 mars 2023 3 08 /03 /mars /2023 15:01

Cela fait des décennies que les médecins se sentent mal traités et mal considérés par la CPAM et les différentes instances publiques. Ils sentent pris dans un enfer administratif qui les étouffent, les abiment et les pénalisent de façon arbitraire. Pourtant pendant la crise du COVID, ils ont montré leur efficacité alors que les instances étaient absentes. Les soignants se sentent déconsidérés, maltraités, humiliés et entravés, ne pouvant pas exercer correctement leur métier du fait des nombreuses contraintes et injonctions. Ils doivent se justifier dans fin devant des personnes qui ont une gestion comptable et administrative de la santé, qui ne connaissent rien à la santé, à la maladie et aux souffrances des patients.

Depuis, de nombreuses années, il est évoqué qu’une des portes de sorties à cette situation infernale est le déconventionnement pour se libérer du lien à la CPAM. Pendant toutes ces années, cette idée leur semblait impossible à réaliser. Le 3 et 4 novembre 2023 a eu lieu les assises du déconventionnement, organisées par le syndicat l’UFML, à la suite de l’échec historique des négociations pour renouveler la convention des médecins. Il a été démontré qu’il était possible de se déconventionner et que la situation des médecins en France étaient injustifiées en comparaison de ce qui se passe dans de nombreux autres pays occidentaux. Les médecins sont clairement maltraités dans notre pays psychologiquement, physiquement et financièrement. Aujourd’hui, le seul frein au déconventionnement, pour se libérer du joug de ces institutions maltraitantes, est le sentiment de culpabilité des médecins face à leurs patients en se demandant comment ils vont faire.

  • Tout d’abord, il est important de recadrer les choses. Les patients consultent leur médecin pour se soigner avant tout et non pour se faire rembourser. De la même manière que l’on va au garagiste faire réparer sa voiture sans rechercher le remboursement de l’assurance. Le réparateur et l’assureur sont deux entités distinctes comme le médecin et la CPAM.
  • Ensuite, les médecins ne sont pas responsables de l’évolution de nos modes de vie et de consommation qui favorise l’émergence des pathologies chroniques qui embolisent les demandes de soin (cf Jean-david Zeitoun le suicide de l’espèce Ed Denoel). Il existe aujourd’hui une inadéquation entre les demandes de soins et l’offre de soin que propose l’Etat. A moins d’y laisser sa santé, il n’est pas possible de répondre à l’ensemble de la demande si les politiques ne font pas leur part pour donner plus de moyen et diminuer les risques sanitaires liés à leurs choix économiques. En outre, la dernière personne qui a essayé de sauver la population par amour est Jésus Christ, il a plutôt mal terminé. De plus, il n’y a plus de place sur le calendrier pour de nouveaux saints. D’ailleurs nous sommes trop nombreux.

 

La culpabilité qui bloque les médecins au déconventionnement est en fait un symptôme classique d’un management toxique. La CPAM, les politiques et les instances politiques font subir aux soignants un management toxique depuis de nombreuses années dont ils n’ont pas conscience du fait de leur côté bon élève.

 

Qu’est-ce qu’un management toxique ?

 

Le management est tout d’abord toxique dès lors qu’il affecte l’estime personnelle, la motivation et la performance de ses collaborateurs. En santé, on ne peut que remarquer le nombre grandissant de libéraux qui déplaque ou qui se reconvertissent dans le salariat ou la médecine du travail.

 

Un management peut être vécu comme toxique sous l’impulsion de facteurs organisationnels comme ceux-ci :

  • Changements non accompagnés ou changements réguliers de stratégie, manque d’une vision long terme fédératrice et donc de sens.
  • Management incohérent du fait d’un écart entre les discours et les comportements, en particulier sur l’éthique.
  • Surcharge de travail par rapport aux délais à tenir.
  • Management trop directif ou inversement trop laxiste.
  • Management sans définition claire des rôles et responsabilités.
  • Digitalisation excessive et isolement.
  • Culture du personal branding et de la compétition en interne.

 

Chez le manager toxique, on retrouve souvent les traits de personnalité suivant :

  • Le manque de compétences managériales et relationnelles et les convictions personnelles du manager sur les méthodes à employer.
  • Le manque d’intelligence émotionnelle (conscience de soi, des autres, de son impact dans la relation etc.) et d’empathie.
  • Le manque d’estime de soi (un style arrogant, orgueilleux donne l’illusion d’une surestime de soi alors qu’une personne peut dominer et agresser pour se protéger).
  • Le manque d’éthique personnelle et de conscience morale.
  • La jalousie.
  • La soumission à l’autorité d’un responsable ou d’une organisation aux méthodes toxiques voire perverses.
  • La difficulté à gérer son stress (le stress peut induire des comportements sur-contrôlants, critiques, condescendants, accusateurs et manipulatoires).

 

Les managers toxiques ont rarement l’intention consciente de nuire. S’ils se voient reprocher leurs comportements, généralement, ils en minimisent les impacts et en justifient la nécessité.

 

Je crois qu’il n’est pas difficile de retrouver tous ces éléments dans la gestion des médecins libéraux par nos instances. La culpabilité est un des premiers symptômes que l’on ressent au contact d’une personne toxique. En effet, celle-ci utilise notre langage et nos justifications pour les retourner contre nous. Tout le temps qu’elle met pour nous mettre en cause et nous amener à nous expliquer et du temps où elle peut agir librement et continuer son œuvre. Face à une personnalité toxique, il n’y a qu’une chose à faire s’est fuir si on ne veut pas y laisser sa santé.

Il est difficile de savoir si l’Etat et la CPAM ont construit une convention qui est en contradiction totale avec les lois du travail et clairement source de RPS par bêtise ou machiavélisme mais son organisation est kafkaïenne et ne peut mettre les soignants que dans une position de souffrance où nous laisserons notre santé par épuisement. On ne soigne pas bien les patients avec une surcharge mental, un épuisement ou un burn-out. Il vaut mieux être en bonne santé, en secteur 3, et pouvoir soigner au mieux certains patients qu’épuiser et mal soigner tous les patients et se rendre malade.
En outre, les soignants ont une responsabilité sociale ; En effet, cet enfer administratif et cette gestion autoritaire jacobine, source de souffrance, est aussi ce que vit l’éducation nationale et la police. La différence est que ces agents là n’ont pas la possibilité d’exercer leur métier hors de leur institution, alors que nous on le peut. Ils sont soumis, nous pouvons nous libérer pour tenter de faire bouger les choses.

Certaines décisions sont difficiles. Afin d’être cohérent avec nous-même, il est important de faire ce qui est nécessaire pour le bien de nos patients et notre santé, en n’oubliant pas que la culpabilité est un symptôme d’une situation professionnelle toxique.

“Rien n'est plus difficile pour chacun d'entre nous que de situer ce qu'il a fait et de se situer soi-même à sa juste mesure.” Jean d'Ormesson

 

JC Seznec Médecine en danger, qui va nous soigner demain. Ed Desiris

 

 

 

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5 mars 2023 7 05 /03 /mars /2023 16:44

La chirurgie esthétique se démocratise. Nous pouvons tous être tenté un jour de corriger un aspect de notre visage qui nous semble disgracieux ou une marque du temps que l’on souhaite effacer.

De plus, le vieillissement est pour certain une expérience cruelle qui fragilise, qui confronte à l’angoisse de mort et à la peur de s’éroder et de s’abimer. Dans cette société du plaisir et de l’image, on a tous envie d’avoir l’air et on se préoccupe plus de soigner la vitrine qu’enrichir notre intériorité. Même s’il est possible de vieillir sans être vieux et que la médecine esthétique en Europe, contrairement en Amériques, a plutôt comme objectif de proposer des ajustements discrets qui ne se remarquent pas pour que cela ne soit pas une révolution mais une évolution, la tentation d’améliorer une part de soi est grande. Face à la difficulté d’être soi, sans repère spirituel, on cultive aujourd’hui, dans la société occidentale, la transformation à travers les tatouages, la chirurgie esthétique, le changement de genre et peut-être bientôt le transhumanisme avec des implants technologiques.

Alors, voilà, un jour, on rassemble son courage et on se décide de passer à l’acte pour modifier un nez ou un autre aspect de son visage. Fier, on partage sa décision à sa famille et… quelle surprise d’entendre les enfants s’étonner et protester : Non, maman, nous ne voulons pas que tu changes. On veut que tu restes notre maman ! Cette révolte familiale n’a pas été prévue et déstabilise la personne dans ce choix, qui ne comprend pas ce qui se passe, pourquoi ce qui la concerne provoque tant de réaction de la part de ses proches.

En fait, les enfants sont normatifs. Ils n’aiment pas toujours voir leurs parents se déguiser, faire les clowns ou se faire remarquer. Face à cela, ils protestent souvent en disant que nous sommes ridicules. Ils ont peur que les autres enfants se moquent d’eux avec de tels parents... Cela demande du temps et un apprentissage d’être fier de ses parents. Ils veulent et ont besoin de parents immuables comme des phares dans leur vie. Nous sommes des repères pour leur permettre de ne pas s’égarer dans leur construction. Il se joue pour eux un enjeu de sécurité. Ils ont besoin d’un moule stable pour pouvoir pousser. Les parents sont un élément de ce moule qui les façonne. Grandir est une épreuve pour eux et ils se rassurent à travers se point de stabilité que nous sommes pour eux. Être une mère, c’est plus qu’être une femme et qu’être une maman. C’est être une icône, une idole… Est-ce que l’on modifie le nez de la Joconde par ce qu’on ne le trouve pas joli ou qu’il n’est plus à la mode ? Une maman n’est pas jugée sur des critères de beauté. Elle est belle par définition, par essence, par ce que c’est notre maman et qu’elle est unique. On se construit à travers ce repère qui est un ancrage pour pouvoir grandir. Modifier l’apparence de sa mère s’est ressentir une instabilité source de vertige existentiel.

  • Pour des petits enfants c’est un repère important de sécurité. Changer d’aspect extérieur, c’est changé de maman. Ils ne sont pas spontanément prêts à cela. On a qu’une maman.
  • Pour des adolescents, tout changement de l’aspect physique les confronte à l’angoisse de leur transformation, au bazar de ce vaste chantier qu’est l’adolescence, qu’ils vivent par fois comme un sable mouvant, et à la difficulté d’être soi. Ils ont besoin qu’on les aime tel qu’ils sont à chaque étape de leur vie pour se rassurer, prendre confiance en eux pour pouvoir se lancer dans la vie. Alors si leur maman change, elle leur renvoie l’idée anxiogène qu’ils peuvent ne pas être suffisamment beaux, donc aimable, et qu’il faudra qu’on leur fasse, eux aussi, des corrections si nécessaire. Ils ont l’impression de perdre un point d’appui, de stabilité et de sécurité alors qu’ils doivent faire leur grand saut dans le monde adulte.

Le propos de cet article est de sensibiliser au fait que nous ne sommes pas tout seul dans l’existence. Nous sommes liés à nos proches. Parfois nos décisions ont des conséquences que l’on ne prévoit pas sur notre entourage. Même si on est dans une société où l’on a musclé la liberté d’être, une part de nous ne nous appartient pas, notamment quand on est parent. En tout cas, il me semble intéressant de prendre conscience, qu’au sein d’une famille, nos décisions peuvent générer un effet domino autour de nous qui peut nous surprendre et nous dépasser.

Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas faire de chirurgie esthétique lorsque l’on est maman.

  • Cela veut dire que c’est un acte qui se pense et se réfléchit.
  • Cela veut simplement dire aussi qu’il est peut-être nécessaire de prendre le temps d’expliquer à son entourage ce choix. En quoi cette décision répond à une envie, un besoin et est corrélée à des valeurs, des choses qui compte ? Au final pouvoir partager en quoi nous restons cohérents avec notre philosophie de vie en faisant ce choix.
  • On peut aussi parfois éviter aux petits enfants l’expérience du visage tuméfié post opératoire avec des bleus en choisissant une date d’opération adéquate.

Finalement, la réaction des enfants, et parfois du conjoint aussi, nous oblige à faire le travail de donner du sens à nos décisions, alors que nous pourrions être tenté par un geste consumériste. Je vais changer de nez comme je vais changer de voiture, parce qu’il ne me plait plus, parce qu’on vient de me donner une adresse... L’accessibilité en terme de moyen matériel et financier de la chirurgie esthétique pourraient amener à une déviance consumériste de la façon d’être soi. Finalement, nos enfants sont peut-être nos gardes fous pour pas que nous nous emballions. Ils nous rappellent, comme le renard dans le Petit Prince, qu’ils nous aiment avec le cœur et non avec les yeux et que c’est que nous sommes qui importe et non pas ce que l’on montre.

Heureusement, la chirurgie esthétique en France n’est pas ostentatoire mais penche aujourd’hui vers une médecine esthétique, qui se fait discrètement, avec tact et mesure, pour nous permettre d’évoluer au mieux dans cette aventure incroyable qu’est la vie.

 

Boris Vian : On tuera tous les affreux. Livre de Poche

Jean-Christophe Seznec : J’arrête de lutter avec mon corps. Ed Le duc.

Jeanne Siaud-Facchin et Jean-Christophe Seznec : Grandir, vivre, devenir. Ed Odile Jacob

 

 

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22 janvier 2023 7 22 /01 /janvier /2023 18:51

L’ACT, ou thérapie de l’acceptation et de l’engagement, est une thérapie comportementale et cognitive dites de troisième vague. Dans cette troisième vague, on y retrouve tout une famille de thérapies (FAP, pleine conscience, etc.). Ces dernières ont la particularité de se centrer sur l’instant présent, son observation et sur les émotions que l’on ressent.

 

 

 

 

L’ACT s’appuie sur des compétences, qu’elle cherche à développer afin de gagner en flexibilité psychologique :

  • Observer ce qui est présent à cet instant autour et à l’intérieur de soi, en l’acceptant sans lutter contre, et sans l’éviter, pour faire de cette occasion une opportunité.
  • Ne plus être esclave de son cerveau émotionnel en défusionnant de ses pensées et en pouvant choisir de vivre en fonction de ce qui compte pour soi. Ce qui compte pour soi et aussi le rapport que l’on choisit d’avoir avec les autres.
  • Définir ses valeurs et agir, de façon engagée, en fonction de celles-ci.
  • Le seul arbitrage est de regarder ce qui fonctionne pour soi, selon son contexte, pour choisir si on continue les actions choisies ou si on les ajuste.

Lors de cette thérapie, on prend conscience des règles qui nous gouvernent et qui peuvent être source de d’emprisonnement comportemental et de souffrance. On essaie de remplacer les injonctions comme les « il faut » ou les « je dois » par des « je choisis » ou des « je décide ». Cette approche met l’humain au centre, comme capitaine de sa vie, pour être maitre de son destin. Elle élimine les règles pour ne garder que ce qui fonctionne, selon un contexte personnel ou environnemental. Dans cette approche, il n’y a donc pas de norme pour la simple raison que le contexte n’est pas le même pour chacun et à chaque époque. De ce fait, cette thérapie contextuelle travaille la flexibilité psychologique et attentionnelle pour s’adapter à l’impermanence de chaque instant, en ne se fourvoyant pas à lutter sur ce dont on n’a pas le contrôle et négocier, au mieux, le reste, afin de rester au contact de ce qui compte pour soi.

A l’opposé, nos sociétés modernent tentent de normaliser la vie. La philosophie de notre civilisation est d’aligner le comportement de chacun a des règles et des normes (iso, etc.) pour mieux la régenter. Au fur et à mesure de son évolution, on observe qu’il y a de moins en moins d’artisans qui ajustent leur travail et de de plus en plus d’ingénieurs qui déclinent dans leurs productions des modèles selon des abaques ou les règles de l’art, pour garantir la sécurité de chacun et l’ordre.

Cette société, face à l’impermanence de la vie, du fait qu’il y a toujours des exceptions aux règles et que la vie ne se passe rarement comme on l’a prévu, passe son temps à réinventer de nouvelles règles pour corriger les règles précédentes, ainsi de suite…, ce qui complexifie les choses sans fin. C’est ainsi que parfois, il devient impossible de suivre des règles devenues ubuesques ou kafkaïennes. Cette moulinette administrative transforme les humains et les professionnels en employés ou en soldats, tel Métropolis, d’une société devenue folle de son désir de contrôle. Infatigablement, elle continue à pomper tel des Shadocks.

L’ACT est une thérapie individualiste ou chaque humain noue des compromis sociaux avec ses congénères et son environnement juste parce que cela fonctionne mieux. Ce qui dirige les individus, ce ne sont pas des règles, qu’elle a tendance à écarter, mais ses valeurs, pour muscler sa liberté d’être. En cela, il s’agit probablement d’une thérapie libertaire. Elle montre qu’un individu mature et pleinement développé n’a pas besoin d’un carcan de règles pour vivre en bonne intelligence avec ses pairs… Il y a peut-être encore du travail à faire pour nos congénères… En tout cas, il est intéressant de se poser quel fonctionnement veut-on avoir :

  • Une société réglementée emprisonnante mais qui pose un cadre qui nous économise des pensées : il n’y a qu’à suivre la règle… Du moment qu’il y en a pas trop (nul n’est sensé ne pas connaitre la loi, soi-disant) et qu’elles ne se contredisent pas ou ne rendent pas impossible la vie.
  • Une société ou chacun est libre mais arbitre ses comportements selon des valeurs que l’on applique pour soi et pour ses relations avec les autres, en étant attentif, à ce que cela fonctionne pour tous. Ce fonctionnement demande un apprentissage à la pleine conscience, à la présence et à la capacité de choisir. Ce mode de fonctionnement est probablement plus couteux en énergie.

En attendant d’arriver à cela musclons notre liberté d'être et de choix. (Heureusement, que la société ne perçoit pas ce côté libertaire de la thérapie ACT, pour ne pas l’interdire et pour ne pas se retrouver excommunier en la pratiquant !) sourire !

Qu’en pensez-vous ?

 

Seznec jc et Siaud-Facchin J: Grandir, vivre, devenir. Ed Odile Jacob

Seznec jc : Guide pratique de survie en cas de crise. Ed Leduc

Seznec JC et Ouvrier-buffer E. : Pratiquer l'ACT par le clown. Ed Dunod

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15 janvier 2023 7 15 /01 /janvier /2023 14:45

Emily in Paris est une série à succès de la plateforme Netflix qui raconte l’histoire d’une jeune américaine venue travailler dans une boite de pub française. Elle tombe amoureuse de Paris pour y rester plus longtemps que prévu… Le succès de cette série est planétaire. A la suite de cette série de nombreux étrangers investissent à Paris ou viennent y faire du tourisme. De nombreuses personnes trouvent cette série creuse, sans histoire, montrant une fausse image de Paris. Face au côté propret de Paris qui est mis en avant dans la série, certains élus de Paris ont signé une tribune pour évoquer la saleté de la ville qui est pour eux la réalité à montrer de Paris.

J’ai savouré cette série et je souhaite prendre le temps d’un post pour en vanter les mérites et pourquoi je trouve qu’elle peut faire du bien.

  • Cette série fonctionne comme une carte postale de Paris. A-t-on déjà vu une carte postale montrant les bas-fonds d’une ville ou sa laideur ?  Elle magnifie notre capitale et nous fait porter un autre regard possible sur cette ville et sur la façon de l’appréhender.
  • Nous vivons une période de crises donnant une teinte déprimante à notre époque. Après le COVID, la guerre en Ukraine, la crise climatique, les gilets jaunes, l’effondrement de notre système sanitaire, la souffrance des enseignants, les débats passionnels sur les retraites, les rapports hommes-femmes, etc., il est difficile de ne pas se faire attraper par une contagion émotionnelle. La France est le pays européen qui a le plus bas moral. On dit même que l’un des problèmes majeurs de notre économie est notre moral, notre propension à nous plaindre et à voir le verre à moitié vide. Cette série est l’occasion de voir Paris et notre pays le verre à moitié plein. Certes, il y a actuellement beaucoup de choses qui ne vont pas, qui pourraient aller mieux ou qu’il faudrait changer mais il y a aussi des choses qui sont chouettes à regarder, à vivre ou à expérimenter : nos monuments, le charme de nos châteaux, ne nos villages, de nos places, de notre gastronomie, de notre vignoble mais aussi notre créativité dans la mode, nos caractères, nos originalités et notre liberté d’être qu’envient de nombreuses personnes dans le monde.
  • L’histoire met en avant le luxe, les jeux de l’amour et du hasard cher à notre théâtre, la mode, notre art culinaire. Autant d’éléments qui avaient tendance à passer à l’arrière-plan dans la grisaille de ces dernières années. Cette série est l’opportunité de les remettre en valeur, au gout du jour, pour restaurer notre blason et attirer des touristes ou des investisseurs, pour le plus grand bénéfice de notre économie alors que d’autres pays voisins sombrent comme la Grande Bretagne. Pourquoi bouder ce plaisir et ne pas surfer sur cette opportunité ? La coupe du monde de Rugby a lieu en France en 2023 et les jeux Olympiques en 2024. Le monde aura le regard sur notre pays. Faisons-en une opportunité économique et culturelle, pour montrer les vertus de notre pays, nous en aurons des conséquences bénéfiques.
  • Les réseaux sociaux sont aujourd’hui pervertis par de la haine, la bêtise de certains propos ou des démonstrations narcissiques. Emily nous montre comment il est possible de les utiliser avec créativité au service d’un projet personnel et permettre de faire du lien.
  •  

  • La série montre des personnages multiculturels. En cette période où la haine de l’autre et de l’étranger, dans des discours extrémistes, est en hausse, je trouve que cela fait du bien de montrer que nous pouvons vivre tous ensemble, nous retrouver sur une façon de vivre sans perdre le style et le gout à la française et celui des personnes étrangères. Le monde est aujourd’hui multiculturel, la série montre une façon de le vivre.
  • Les personnages sont pleins de vie, ancrés dans leur époque et leur contexte.
    • Emily est une jeune femme perspicace, dynamique tout en étant ravissante, sachant porter toutes sortes de tenues, parfois improbables. Elle ose et elle est engagée dans ce qui compte pour elle. Elle fait preuve de culot, d’opportunisme (dans le bon sens du terme) et de créativité à chaque instant. Elle incarne la design attitude. De toute difficulté, elle en fait une chance. Elle cherche le chemin pour aboutir quel que soit les obstacles ou les entraves. Parfois, elle est en difficulté, elle souffre mais ne s’en plaint pas. Elle accepte la situation pour ensuite rebondir. Je la trouve exemplaire dans son attitude. Sa positive attitude est inspirante : une façon de travailler flexible proche de la thérapie ACT. Alors, j’adore ! Elle met des tenues improbables, sans angoisse, en les assumant (ce qui n’est pas sans me rappeler certains spectacles de new burlesque). Initialement, elle prend le contre-pied de sa chef, Mme Grateau (Philippine Leroy-Beaulieu), en débordant d’énergie, en vivant, sans grogner, sans se plaindre, en étant à cent lieues de la fille névrosée, pour finalement fédérer tout le monde autour de son énergie. Elle nous démontre que si on n’en fait pas un problème, de nombreuses choses se passent très bien, malgré le cout émotionnel de certaines situations. Elle nous propose un regard décentré sur Paris et la vie à la française, qui met en lumière la richesse de notre culture et de notre pays. J’aime cette France-là même si je sais avec pertinence que le regard est biaisé. Cependant, j’aimerai rêver qu’il serait possible de tendre vers cela. C’est un idéal qui me va bien. Il y a un côté Jacques Demy dans cette série.
    •  
    •  Les autres personnages sont pour la plupart truculents et hauts en couleurs, même si je trouve certains un peu fade, un peu Trop belle la vie. Je suis particulièrement sensible à Luc et Sylvie : Luc, le collègue d’Emily, pour son côté décalé, parfois improbable, libre des ses contre pieds, ce qui lui un côté clownesque, à la Harpo Marx, et Sylvie Grateau en chef d’entreprise. Sylvie, Philippine Leroy-Beaulieu, est l’image iconique de la femme française pour beaucoup d’étrangers : Belle, libre, créative, ayant des opinions et des valeurs qu’elle défend, évoluant dans les hautes sphères de la société et de l’économie. Ce personnage est une mise en abime formidable de la place légitime de la femme dans une société moderne et égalitaire, alors qu’elle est trop souvent en souffrance dans de nombreux pays. En France, nous avons une liberté d’être et de penser probablement plus importante que dans de nombreux pays. Les personnages de cette série mettent en scène cette possibilité tout en restant sensibles et humains, avec panache. Ne l’oublions pas, défendons-le et ne l’oubliant pas. Enfin, il est particulièrement agréable de voir des personnages évolués, gérer des désaccords, des conflits et des souffrances sans violence ni agressivité. C’est peut-être idyllique, mais cela tient à nous tous d’avoir la maturité et l’intelligence de faire de même.
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  • Les médias et les informations se nourrissent de tout ce qui va mal. Ce regard est source de déprime et de tension qui sont instrumentalisées par la société marchande. Nous consommons pour apaiser celle-ci. Voici une série qui regarde le soleil. Je préfère acheter pour éclairer et embellir ma vie.
  • Il y a une formidable bande son, parfois aussi extravagante que les tenues d’Emily, qui montre au monde entier la richesse de nos artistes.

 

Cette série nous permet de regarder Paris sous un autre angle, notamment celui des touristes. Dans cette période difficile, elle nous offre l’opportunité de changer de perspective et de voir ce qui peut être beau, joyeux et possible dans le contexte parisien. Pour ma part, cela me fait du bien et cela m’a fait modifier mon regard quand je me promène dans Paris.

Alors certes, il y a de l’ombre que l’on ne voit pas mais Emily in Paris est un miroir flatteur de Paris et de notre mode de vie. Pourquoi s’en priver ? A travers cette série, j’ai appris à regarder Paris comme je regarde Londres, New York ou tout autre capitale. J’ai bien conscience que c’est une version partielle de la réalité mais cette série est comme un bonbon que je savoure avec plaisir, quelle que soit l’histoire. Ce n’est que de la fiction. Elle ne doit être prise que comme cela tout comme on a regardé Audrey Hepburn, à New York, dans le film « Diamant sur canapé ». Aujourd’hui, cela se passe à Paris. C’est chouette ! Emily in Paris est pour moi un doux médicament de bien-être, à condition de rester contemplatif, sans juger, et prendre cette série juste pour ce qu’elle est.

 

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29 décembre 2022 4 29 /12 /décembre /2022 19:47

Noël est une figure imposée que nous traversons chaque année, les uns et les autres, avec plus ou moins de goûts et de joie, selon son histoire et son contexte. Pour certains, c’est un moment de partage, de communion ou de fête. Pour d’autres, c’est l’occasion de se retrouver en famille. C’est parfois un moment d’affrontement avec son entourage mais aussi de solitude ou une mise en abime des souffrances existentielles que l’on veut chasser du revers de la main.

Et si malgré tout, quelque soit sa situation, comme dans les films de Noêl, on essayait de se connecter à ce fameux Esprit de Noël pour y trouver un peu de magie ?

Tout d’abord, je vous propose de tenter de le définir ensemble. Par exemple, l’Esprit de Noël est l’opportunité de faire une pause en fin d’année avec notre agitation, nos postures, notre théâtre existentiel pour passer un moment de simplicité avec les personnes qui nous entourent : famille, voisins, amis, passants, etc. C’est la possibilité de faire tomber les masques pour se reconnecter, de façon humble, à son humanité et à celle des autres pour l’accueillir avec bienveillance, faisant fi de tout jugement, et de se parler simplement.

Pour y rentrer, on y travaille sa présence, on accueille celle des autres. Il nous permet de discuter, calmement, paisiblemet, joyeusement dans le plaisir de la rencontre et de l'échange. Il n'y a pas d'attente en dehors de l'intention de tisser des liens avec toutes les personnes que l'on rencontre. Il n'y a rien à gagner, rien à perdre, rien à comparer. Juste être soi en présence des autres. Chacun est riche d'être lui-même. L'aspect spirituel de l'affaire est juste de s'offrir la possibilité de croire en l'humanité afin d'éclairer l'angoisse des ténèbres du solstice. C'est éprouver la vie malgré le noir du mois de décembre avant le renouveau du printemps.

L’Esprit de Noël, c’est d’être comme les santons de Provence. Dans les crèches de cette région, toutes les personnes du village y sont représentées tels qu’ils sont. Ils ont tous leur place dans ce moment de lien social, les uns à côté des autres. Ils ont tous leur importance. En outre, plus il y a de santons, donc d’êtres humains, différents plus la crèche est belle et riche de cette multitude.

L’esprit de Noel, c’est d’accueillir, d’échanger avec l’autre avec affection et humilité dans l’unique but d’être simplement ensemble. C’est faire acte d’une générosité spontanée et bienveillante. Cette générosité n’est pas que matériel, elle est surtout humaine.

Les ennemis de l’Esprit de Noël sont le consumérisme, le productivisme, la gloutnonnerie, l’affichage, la polémique, l’égoïsme, etc.

L’Esprit de Noël devrait être présent toute l’année pour nouer des liens de bienveillance et de gentillesse à tout instant.

C’est pour cela que l’on peut passer de beaux noëls en famille mais aussi en participant à des œuvres caritatives, en donnant à manger au Secours Populaire, en travaillant au service de personnes dans le besoin (hôpital, service de police, commerçants, etc.). Il demande de la considération et de la reconnaissance. Il s’agit d’être connecté avec honnêteté à ses valeurs et d’agir en fonction

Et pour vous, c'est quoi l'Esprit de Noël ?

#Passez à l’ACT

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11 décembre 2022 7 11 /12 /décembre /2022 14:44

Vivre est une aventure. Il n’est pas toujours facile de se développer et trouver son chemin dans le bazar de la vie. Une voie pour y arriver le mieux possible est de savoir accueillir ce qui se présente à nous, en prendre conscience, en trouver les opportunités pour choisir une action engagée. Il s’agit de négocier le présent et développer une intention, avec bonne volonté, pour explorer cet espace-temps qu’est la vie, tout tentant d’en donner du sens… Vaste programme ! La pratique de la pleine conscience et de la méditation sont des outils fort utiles à cette intention

La vie est ce qui nous arrive lorsque l’on a prévu autre chose.

Cette différence parfois contrariante. Il est tentant de rentrer en lutte avec la vie afin qu’elle réponde à nos attentes alors qu’elle est juste frustrante.

  • Dans le premier cas, c’est source de tristesse. La tristesse nous informe que nous devons renoncer, en l’occurrence à nos attentes qui ne sont en fait que des histoires que l’on s’est raconter sur un éventuel futur. Cette tristesse stimule notre cerveau émotionnel qui va répondre par des ressassements sans fin pour résoudre un problème dont il n’a pas la réponse : le futur est mystérieux et la vie n’est qu’une suite de propositions dont nous n’avons pas le contrôle, tout comme le vent, les vague et le courant.
  • Par contre, nous pouvons apprendre à surfer la vie en commençant à accueillir ce que la vie nous propose pour en faire une opportunité. La vague qui se présente à moi n’est pas exactement comme je la voudrai mais je la surfe. En effet, ce qui compte pour moi, c’est le surf et me jouer de la mer. Surtout si, je ne veux pas terminer comme Brice de Nice, coincé sur la plage, au risque de passer à côté de ma vie.
  • Une autre image est se dire que vivre, c’est comme jouer au tennis. Il n’y a pas de « bonnes balles », il y a juste la balle que m’envoie mon partenaire de jeu. Je ne vais pas m’arrêter à chaque balle pour lui dire qu’il ne me l’a pas envoyé à l’endroit où je l’attendais ! Il risquerait de se lasser et de me laisse choir. Si je veux jouer à la vie, cela me demande d’accueillir les balles que me propose la vie pour les jouer, avec mon style. C’est ainsi que l’on devient joueur et que l’on peut prendre du plaisir à la vie. Tout comme le jardinier, il plante des graines tout en sachant que toutes ne vont pas donner. Sachant cela, il ne ressentira pas trop de douleur liée à la frustration de celles qui n’ont pas poussé. Il peut même pousser le vice à en tirer partie pour apprendre de son expérience et améliorer sa pratique.


Voici une clef pour vivre sereinement : Consentir à ce que la vie a de contrariant plutôt de la fuir ou lutter contre.

Il n’y a rien de normal, juste des choses à expérimenter, à vivre et à contempler. Il s’agit d’apprendre à moins juger, en tout cas à juger moins, un peu moins. Quitter une situation de surplomb pour se lover dans la vie. Comme le dit un sutra bouddhiste : l’homme qui se croit supérieur, inférieur ou même égal à un autre homme ne connait pas la réalité. Il s’agit juste d’être simplement soi.

Cessons les agitations, ne soyons pas presser de mourir. Aimons la lenteur, repousser, retarder, prolonger, rester au bord… Pour ne pas être des éjaculateurs précoces de la vie. La méditation est d’une certaine façon l’éloge de la lenteur.

Respirons pour apprendre de notre corps

La cause de notre misère psychique et émotionnelle est l’ignorance. L’ignorance de confondre notre esprit, mental, avec soi. Pour se découvrir, laissons toute activité intellectuelle de côté pour plonger dans notre corps et se nourrir de l’expérience qu’il nous procure, en faisant de la place à ce qu’il nous fait ressentir. On explore son être à travers notre respiration et notre perception sensoriel. Apprenons à écouter notre corps. Cela évitera qu’il nous le hurle ou que nous nous racontions des histoires sans fin source d’épuisement. Alors commençons par être curieux chaque jour de notre respiration et de son expérience. Laissons les croyances qui sont que le fruit du blabla de notre mental pour faire l’expérience de notre respiration. Au cours des retraites Vipassana, on se tait pour observer pendant dix jours cette expérience respiratoire, tout en apprenant à laisser de côté notre blabla, nos croyances et toute activité mentale pour juste expérimenter cette respiration qui nous inscrit dans l’instant présent.

Respirer nous permet de faire de l’espace en soi pour gagner en flexibilité psychologique.

  • Une flexibilité attentionnelle afin de choisir où je pose mon regard afin qu’il ne s’éternise pas trop sur mon blabla intérieur ou mes poubelles de vie en arrière cuisine
  • Une flexibilité comportementale afin de pouvoir choisir mes actions et mes intentions malgré le bazar de la vie afin de rester cohérent avec soi, authentique et aligner avec ses valeurs, sans jouer un rôle ou me perdre dans de la séduction pour tenter de répondre à mes attentes.

Pourquoi méditer ?

Méditer est prendre conscience de soi et de se positionner à travers un « je ». Je suis moi et pas un autre. L’autre est autre. Il ne se compare pas. Il ne se juge pas. C’est juste un autre avec son expérience et sa perspective. Cela se traduit par s’exprimer en prenant appui sur son expérience en disant « je » et non le « tu » accusateur, lien de pouvoir, à l’origine d’une injonction à s’expliquer.

Je vous propose de vous asseoir simplement en silence, immobile, d’être présent à tout ce qui traverse le champ de votre conscience, de l’observer sans le juger, de ne rien attendre, de laisser faire et de lâcher prise pour vivre pleinement, avec gourmandise, cet instant. La répétition de cette assise permettra de décanter son intériorité pour retrouver l’esprit clair. Elle diminuera l’anxiété et le stress qui trouve leur source dans le jugement

La méditation, c’est être assis, en silence, immobile, conscient de tout ce qui se passe dans la conscience pendant le temps où on est assis. Méditer, c’est faire naitre à l’intérieur de soi un témoin qui observe le tourbillon des pensées sans se laisser emporter par elles. La méditation, c’est voir les choses comme elles sont. C’est se décoller de son identité. C’est découvrir qu’on est autre chose que ce qui se dit inlassablement dans son mental : moi ! moi ! moi ! C’est découvrir qu’on est autre chose que son égo. C’est une technique pour éroder son égo et toute l’importance que l’on donne et que l’on se donne. C’est plonger et s’établir dans ce que la vie a de contrariant, abonner le jugement et faire attention. C’est aussi observer les points de contacts en ce qui est soi et ce qui n’est pas soi. C’est observer les fluctuations mentales qu’on appelle les Vritti pour les calmer et les éteindre.
La méditation, c’est d’avoir conscience que les autres existent avec leurs expériences et leurs perspectives.

Méditer, c’est plonger à l’intérieur de soi et creuser des tunnels, construire des barrages, ouvrir de nouvelles voies de circulation et pousser quelque chose à naitre, et déboucher dans le grand ciel ouvert. Méditer, c’est trouver en soi une zone secrète et irradiante où on est bien. C’est tout simplement être à sa place, conscient de tout, tout le temps. Accepter ce qui se présente, arrêter de se raconter des histoires pour vivre l’instant présent. La méditation, c’est pisser et chier quand on pisse t et que l’on chie, rien de plus. Au final, la méditation, c’est ne rien ajouter.

Prêt à vivre et à vivre cet épopée qu’est l’existence?

Emmanuel Carrière : Yoga. Ed POL

Jean-Christophe Seznec et Sophie Le Guen : Débrancher votre mental. Ed Leduc

Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana : Savoir se taire, savoir parler. Ed Interéditions ;

 

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27 novembre 2022 7 27 /11 /novembre /2022 19:06

J’ai beau chercher, je ne retrouve plus de rêves collectifs à partager. Ce genre de truc qui nous donne envie d’avancer tous de concert, qui noue une appartenance et qui forge un élan commun. Pouvoir se sentir bien tous ensemble sans se perdre dans des crêpages de chignons.

 

 

 

Depuis la pandémie du COVID-19, nous passons à nous défendre : contre le COVID, la variole du singe, le

réchauffement de la planète, la guerre en Ukraine, la menace nucléaire, la violence faite aux femmes, le droit à l’IVG, le droit des femmes en Iran, la disparition des espèces, etc et etc.

Notre système de santé s’écroule. Des services d’urgences ont dû fermer cet été faute de personnel. Les médecins libéraux vont se mettre en grève, ce qui arrive très rarement. A la rentrée, on avait des difficultés à trouver des enseignants… Grosse fatigue !

Même la coupe du monde de football, qui était l’événement qui arrivait à rassembler tout le monde, pour nous faire vibrer et rêver, est devenu polémique et source de bataille : pas le droit à l’alcool, pas le droit aux tenues que l’on veut (couleur arc en ciel, tenue de chevalier, expression d’idées, etc.).

La politique, au sens noble du terme, servait à nous questionner pour nous proposer des projets d’avenir. Désormais, ils ne font que faire le buzz pour tenter d’exister plus qu’une mandature. Ils sont devenus des influenceurs avec des followers sans structure politique qui construisait des idées politiques ou des convictions pour emporter un pays.


La disparition des rêves est tellement patente que le discours d’Obama aux élections des midterms à Philadelphie a été de dire que les Américains avaient besoin de retrouver des rêves.

Après, on raconte dans les journaux que les jeunes sont devenus flemmards et qu’il est devenu difficile de recruter du personnel dans les métiers de labeurs. Il semble que les jeunes ne croient plus aux plaisirs différés. Ils veulent argent comptant de leurs efforts. Ils semblent ne plus croire aux promesses dans cette société qui est devenue récréative faute de projet. Il semble que de plus en plus de personnes veulent soient gagner beaucoup d’argent ou sinon vivre de petits jobs porteurs de sens. Il est difficile de recruter dans le bâtiment, l’éducation nationale, des soignants, dans les banques, etc. et même des coiffeuses !

Le danger est que si on a plus d’espoir, on risque le désespoir. Il est source de trouble de l’humeur ou d’agitation, voire de violence.

On s’étonne que dans cette société individualiste et consumériste, la dépression est en train de devenir la première pathologie au monde et qu’elle est corrélée à l’obésité.

Nos politiques ont oublié que si on veut motiver des personnes à construire un bateau, on a besoin de savoir quel voyage on va faire avec !

Il me semble que nous avons besoin de retrouver du lien avec soi, avec les autres et avec la nature pour retisser un projet de vie. Une nouvelle écologie de soi dans un projet commun ?

J’ai envie de rêver, d’avoir du désir… Pas vous ?

 

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31 octobre 2022 1 31 /10 /octobre /2022 09:27

L'histoire du « premier sommeil » et du « deuxième sommeil » contient des leçons surprenantes sur la vie préindustrielle, et nous révèle une surprenante anxiété du XXIe siècle au sujet des insomnies. Il serait aussi faux de croire que le sommeil était idéal dans le passé.

Des millions de personnes souffrent de réveils de milieu de nuit qui peuvent durer des heures. C’est ce que l’on nomme le sommeil segmenté.

Dans l'Europe prémoderne, et certainement depuis bien longtemps, les gens s'endormaient régulièrement à la tombée de la nuit et se réveillaient vers minuit, pour se rendormir quelques heures plus tard, jusqu'au matin. Il semble que personne ne s’inquiétait de cet état de fait, les nuits hachées étaient la norme. Puis avec les temps modernes, le sommeil continu est devenu la norme, ou plus exactement, il a été considéré comme devant être na norme.

Roger Ekirch est un historien du sommeil qui a effectué des recherches sur le sommeil segmenté dans divers pays. Il a constaté que ce type de sommeil est mentionné dans de nombreux ouvrages européens depuis 1600. Il en a aussi obtenu la preuve dans les récits, contes et bibliothèques d’Afrique, du Moyen-Orient, d’Asie du Sud et d’Amérique latine.

Lorsque le sommeil était divisé en deux actes, les gens étaient créatifs pendant l'entracte. Ils n'avaient ni anxiété ni plainte à ce sujet et n’aurait pas songé en parler à un médecin. Ils en profitaient pour s’occuper à diverse taches. Pendant cette période de « dorveille » ou de "veille-sommeil", les gens se levaient pour faire pipi, traînaient près du feu, avaient des relations sexuelles ou priaient. Ils réfléchissaient à leurs rêves et se mêlaient au monde spirituel, à la fois divin et diabolique. Dans les années 1540, Martin Luther a écrit sur ses stratégies pour éloigner le diable : "Presque chaque nuit quand je me réveille... je le chasse instantanément avec un pet."

Les spécialistes actuels du sommeil utilisent volontiers les recherches d’Ekirch pour suggérer que le sommeil segmenté (ou biphasique) est ancien, et que le sommeil monophasique est un phénomène nouveau, et donc que les dormeurs d’aujourd’hui dorment mal.

Le sommeil préindustriel n'avait rien de romantique. La mort a menacé notre sommeil pendant des siècles. La criminalité nocturne était endémique, les maisons étaient un piège mortel, elles étaient vulnérables au feu, aux fuites du toit, à la chaleur ou au froid épouvantables, et à ce qu'Ekirch appelle « le tiercé gagnant de l'entomologie moderne : puces, poux et punaises." Quant à cette dorveille, c'était une deuxième journée de travail pour de nombreuses femmes, qui se levaient à minuit pour terminer les tâches ménagères.

Avec la révolution industrielle, la lumière, la caféine, les horloges et surtout les horaires de travail, la fatigue a progressivement installé un sommeil monophasique. En Occident, l’économie en plein essor a fait de la productivité une vertu et a inculqué un sens croissant de la conscience du temps. Au milieu des années 1800, les mouvements « Early Rising » avaient décollé en Angleterre et en Amérique. De nouvelles lumières artificielles retardaient l'heure du coucher, tandis que les nouveaux horaires d'usine exigeaient un réveil précoce. L’éclairage a également modifié nos horloges internes.

Chaque fois que nous allumons une lumière, c’est comme si nous prenions une drogue qui affecte notre sommeil, a déclaré Charles Czeisler, spécialiste du sommeil à Harvard. Lorsqu'une étude des années 1990 à l'Institut national de la santé mentale a privé une cohorte de sujets masculins de lumière la nuit, leur sommeil s'est segmenté au bout de quelques semaines.

Le sommeil segmenté serait donc naturel à l'humanité, et la révolution industrielle et le capitalisme moderne auraient ont détruit de mode de repos idéal.

La réalité est différente, car il n’existe aucune méthode universelle de sommeil et la diversité humaine concerne tous les aspects de la vie. Une étude de 2015 sur les sociétés de chasseurs-cueilleurs en Tanzanie, en Namibie et en Bolivie a révélé qu’ils ont toujours eu un long sommeil monophasique. Une étude de 2017 a révélé qu'une société rurale à Madagascar pratiquait le sommeil segmenté. Deux ans plus tard, une étude a révélé que les résidents autochtones de Tanna, dans le Pacifique Sud, avaient en majorité un sommeil ininterrompu.

Même au sein de l'Europe préindustrielle, le sommeil était variable. Les modèles de sommeil dans les cultures non occidentales semblent avoir été beaucoup plus diversifiés que ceux en Europe, mais ils étaient diversifiés partout.

Il n'y a aucune preuve que le sommeil était universellement segmenté, et il y a aussi peu de preuves que le sommeil segmenté est meilleur. Une méta-analyse de 2021 d'études sur les horaires de sommeil biphasique a révélé que les sujets à sommeil segmenté rapportaient en fait une qualité de sommeil inférieure et passaient plus de temps en phases de sommeil léger. Une conclusion raisonnable est que le sommeil biphasique est comme la recherche de nourriture anarchique : les deux ont peut-être bien servi certaines populations anciennes de temps en temps, mais aucun d'eux n'offre une solution claire aux problèmes modernes.

Ekirch, en tant qu'historien, pense qu’à aucun moment de l'histoire les conditions de sommeil humain n'ont été meilleures qu'aujourd'hui. Comparé à 99% de nos ancêtres, nous avons de meilleurs lits, de meilleures couvertures, de meilleures maisons et moins de parasites nocturnes. Si le but du sommeil est le bien-être mental et physique, il y a de très bonnes raisons de croire que le sommeil ininterrompu permet de mieux atteindre ce résultat.

Cette histoire du sommeil préindustriel et postindustriel nous livre un message simple, court et cohérent : le sommeil est adaptable et il s'améliore avec la routine. Différentes astuces fonctionnent pour différentes tribus, mais en fin de compte, nous sommes une espèce diversifiée, unie par un rythme circadien commun qui aspire à la cohérence.

Le sommeil est très flexible, et le corps aime vraiment la routine. Trouvez ce qui fonctionne pour vous et maintenez cette routine.

Il ne faut pas être obsédé par son sommeil, suivre sa qualité sur des appareils sophistiqués ou lire trop de conseils saugrenus sur ce qu’il faut faire et ne pas faire. Vouloir à tout prix optimiser son sommeil peut se retourner contre soi en créant une pression pour résoudre le problème de l'éveil. Comme tout insomniaque le sait, essayer de s'endormir est un paradoxe autodestructeur. L'insomnie est une bête qui se régale de sa propre anxiété auto-générée.

Mais le simple fait de connaître l'histoire du sommeil segmenté peut être un soulagement. Il y a de plus en plus de témoignages d'Amérique du Nord, d'Europe occidentale et d'Australie selon lesquels la connaissance de la normalité de ce sommeil segmenté a contribué à atténuer l'anxiété, permettant à certaines personnes de se rendormir plus facilement.

selon Luc Perino

 

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14 octobre 2022 5 14 /10 /octobre /2022 15:37
On vous explique ce que sont les troubles anxieux, au cœur de la série "Désordres" de Florence Foresti
Dans sa nouvelle série, en grande partie autobiographique, l'humoriste aborde de manière très directe ses crises d'angoisse, son anxiété et sa dépression.
 
Après le dernier album de Stromae, dans lequel le chanteur s'épanche sur sa dépression, c'est au tour de Florence Foresti d'aborder publiquement sa santé mentale. Et plus particulièrement les maux dont elle souffre depuis son enfance : les troubles anxieux.
 
Comme l'humoriste, un Français sur dix présente un syndrome anxieux, selon le ministère de la Santé. Ces troubles peuvent prendre différentes formes : les phobies, le trouble panique et l'anxiété généralisée.
 
C'est comme quand on a très peur de quelque chose de très dangereux. Certaines situations qui génèrent de la peur, comme les cauchemars, les accidents, les risques d'agressions, "où on perd le contrôle de soi". "C'est exactement ce qu'il se passe chez les personnes atteintes de troubles anxieux sévères, sauf que ça se déclenche sans raison ou de manière totalement disproportionnée
 
Si ces troubles sont courants, ils sont souvent mal compris. Car l'anxiété est une émotion commune à tous les êtres humains. Mais chez certaines personnes, cette émotion peut déclencher des crises, une accélération du rythme cardiaque ou encore une peur panique de sortir de chez soi. L'anxiété est une réponse fondamentale pour notre survie. C'est un comportement sélectionné par notre évolution pour que l'être humain puisse éviter les dangers.
 
C'est pourquoi il faut distinguer la peur, de l'anxiété. "La peur est la réponse physiologique et comportementale à un danger qui est présent. Alors que l'anxiété est l'anticipation d'un danger comme en présence de traces d'un prédateur, bien que celui-ci ne soit pas présent. La maladie anxieuse, c'est quand cette anxiété devient chronique et forte en l'absence de signes de danger
 
Le critère le plus important, c'est le caractère inadapté de l'émotion au contexte. Par exemple, si vous êtes anxieux parce que vous êtes retenu en otage en Ukraine, c'est normal, l'anxiété, même intense, n'est pas pathologique. Idem pour les personnes qui angoissent avant un examen, une opération chirurgicale. "En revanche, si vous faites une crise d'angoisse par rapport au facteur déclenchant, dans votre salon, sans raison apparente, cela devient pathologique.
 
Pour venir à bout de ces troubles, plusieurs solutions existent, médicamenteuses ou psychothérapeutiques. Les professionnels préconisent également de consulter un médecin psychiatre ou généraliste. L'anxiété est un symptôme recensé dans de nombreuses maladies et peut ainsi cacher une pathologie. Quand il est question de santé mentale, les gens pensent qu'il n'y a pas besoin de diagnostic, alors que c'est vital. Quand bien même, on parle d'un trouble panique, il faut faire les choses dans le bon ordre
 
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