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24 juillet 2022 7 24 /07 /juillet /2022 09:08

Nous vivons aujourd’hui un douloureux paradoxe : notre système de santé va mal, les urgences sont en crises, on demande de plus en plus aux médecins et de l’autre côté les soignants sont confrontés à un nombre croissant de rendez-vous médicaux non-honorés qui exercent une influence majeure sur l’offre de soin. En effet Jérôme Marty, président du syndicat des médecins ; l’UFML, constate dans son blog qu’il y a « 22 millions de passages aux urgences hospitalières chaque années et 28 millions de rendez-vous non honorés par les patients auprès des médecins ».

Comment accepter ce fait des rendez-vous non honorés alors que les urgences sont en surchauffent ?  En effet, on constate que les soignants désertent de plus en plus les urgences devant la surcharge de travail, l’irrespect et le consumérisme de certains patients, ce qui amènent, faute de soignants suffisant, à fermer certaines d’entre elle, ce qui met en péril la santé de certains patients qui en auraient besoin. La crise des urgences engendre aujourd’hui à des solutions abracadabrantesques :

  • on demande aux généralistes de recevoir des soins non programmés (urgences) alors qu’ils sont débordés de travail du fait du manque de médecins traitants, qu’ils doivent gérer les urgences de leurs patients, etc.
  • On essaie d’instaurer un tri des patients en amont des urgences par des infirmière ou des régulateurs qui ne prennent pas suffisamment de temps pour examiner la situation de ces patients. Cette disposition aboutie au fait que certains patients qui auraient besoin des urgences n’y ont pas accès ce qui entraine une perte de chance. Je suis inquiet du bilan sanitaire de cette mesure qui sera à évaluer.

Comment comprendre ce rapport consumériste et égoïstes du soin, dans le cadre de cette crise de la santé, qui amène certaines personnes à prendre rendez-vous et à ne pas les honorés sans prévenir les médecins et en sachant que ce temps médical sera perdu pour d’autres patients qui n’arrivent pas à trouver de médecins traitants ou un rendez-vous suffisamment rapide pour les soigner dans leur détresse ?

Ce comportement est le fruit d’une irresponsabilité collective. On a fait du soin un droit puis un produit de consommation en dénaturant la fonction de soignant. La logique administrative et comptable du soin qui impacte notre système de santé depuis 30 ans a transformé le soignant en employé de santé. On a par ailleurs développé les supermarchés du soin avec les centres de soin low cost ou avec les maisons de santé. Tout cela a eu des effets indésirables sur la perception du soin par certaines personnes de la population. Une enquête révélée dans le quotidien du médecin révèle que : 15 % des Français (mais trois jeunes sur dix) avouent avoir déjà posé un « lapin » à leur médecin – dont 6 % plusieurs fois. Les jeunes de 25 à 34 ans sont les plus nombreux à reconnaître leur défection. Pire, pour justifier leur comportement indélicat, les Français n'avancent pas toujours de raison valable : ils invoquent un oubli (48 %), une contrainte d'agenda de dernière minute (17 %) ou parce que ce n'est pas si grave de ne pas prévenir (4 %)…[1]

On ne peut résoudre la terrible crise de la santé en demandant aux seuls soignants de fournir un effort. Comme il est impossible de remplir une baignoire qui fuit, il est impossible de fournir une offre de soin suffisante si les rendez-vous médicaux ne sont pas honorés.

Pour que cela change, il est nécessaire de redonner de l’estime et du respect au soin et au soignants. L’Etat doit commencer par redonner l’exemple si l’on veut que la population générale le fasse. Ensuite, il est désormais nécessaire que les patients soient responsabilisés dans leurs actes. Pour cela, les patients doivent maintenant réservés un rendez-vous avec une caution financière. Si le rendez-vous n’est pas honoré, cette caution ne sera pas rendue tout comme ce qui se passe dans les locations habituellement. Louer du temps médical à un coup. On ne peut plus le galvauder[2].

 

[1] https://www.lequotidiendumedecin.fr/archives/rendez-vous-non-honores-les-lapins-se-banalisent-et-pourrissent-lagenda-medical-et-les-patients-le

[2] https://www.change.org/p/responsables-politiques-diminution-des-consultations-non-honor%C3%A9es-chez-les-m%C3%A9decins?recruiter=377534780&utm_source=share_petition&utm_medium=copylink&utm_campaign=share_petition&fbclid=IwAR3mKvDGhxJiVtiLabCx1YZ-XV_Qa6fPPMTjw-LL9B7VmafBAFl0lEOg0Cw

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