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1 octobre 2023 7 01 /10 /octobre /2023 19:35

Parfois, dans un couple, dans sa famille ou avec des amis, on peut se sentir seul (e) ou incompris(e). Ce sentiment est dû, selon moi, à plusieurs phénomènes psychiques que je vous propose d’explorer.

  • Tout d’abord, être adulte consiste à être libre. Le prix de cette liberté est la solitude. Nous sommes maitres à bord et seuls à gouverner notre être. Notre expérience émotionnelle est une expérience intime que personne d’autre ressentira vraiment et vivra, malgré ses compétences empathiques. Par contre, être seul ne veut pas dire être isolé. Nous avons tous besoin de construire un village social avec des personnes avec qui partager un lien. En outre, nous sommes des mammifères. Or cette famille animale a développé un comportement s’appelant le toilettage. Par exemple les singes s’épouillent non pas parce qu’ils ont beaucoup de poux mais parce qu’en faisant cela ils s’apaisent mutuellement et se disent qui ils sont les uns par rapport aux autres. Nous les êtres humains, nous ne nous épouillons pas. Nous ne nous sentons pas le derrière comme les chiens, nous bavardons. Ce bavardage participe à tisser un lien relationnel qui fait du bien à notre santé. D’ailleurs, une étude a suivi pendant 70 ans des personnes et elle a remarqué que le principal facteur de santé et d’espérance de vie pour des personnes de 95 ans étaient la qualité et le nombre d’amis à 50 ans.
  • Ensuite, il y a trois personnes en nous. L’être que tout le monde voit et connait. Deuxièmement, l’être que nos proches et intimes connaissent. Enfin l’être que nous sommes et que seul nous connaissons. Nous avons tous une cuisine et une arrière-cuisine. Seul nous connaissons notre arrière cuisine malgré toute la transparence que l’on peut avoir pour d’autres. Cette arrière-cuisine est d’ailleurs nécessaire. Par exemple pour nourrir l’érotisme dans un couple et pouvoir fantasmer avec son partenaire, il est nécessaire d’avoir un peu de mystère. Les couples qui partagent tout deviennent les meilleurs amis mais perdent en mystère de l’amour.
  • Devenir adulte, c’est faire le deuil que nous ne recevrons jamais l’amour inconsidérable que nous nous sentons digne de recevoir de la part de nos parents. Il y aura toujours un manque : tout simplement parce que nos parents ne sont que des humains et qu’ils ont eux aussi besoin d’amour. Ils ne peuvent être cette fontaine affective inépuisable au risque de nous étouffer. Nous pouvons être tenté, adulte, de leur réclamer mais cela ne fonctionne plus car nous ne sommes plus des enfants mais, désormais, des adultes. On peut être aussi tenté de réclamer cet amour à d’autres. Cela ne peut pas fonctionner car cela n’est pas nos enfants et nous sommes devenus des adultes. Le risque de le réclamer à d’autres est de construire une relation de dépendance qui va nous fragiliser ou nous rendre vulnérable à des personnes toxiques.
  • Enfin, les émotions créent une force égocentrique. Elles réveillent notre narcissisme en nous disant : et moi, et moi, et moi… On perd ainsi que la relation à l’autre est un compromis social ou personne ne peut être complétement satisfait mais aucun des deux ne peut être complétement frustré. Les émotions peuvent aussi amener les plus fragile d’entre nous à être projectif en reprochant à l’autre de pas répondre à nos besoins ou nos attentes.

Au final, la relation à l’autre est un échange qui fonctionne comme jouer au tennis. On envoie une balle. C’est une proposition. L’autre nous renvoie une balle. Il n’y a pas de bonne ou mauvaise balle. L’autre est libre de nous l’envoyer comme il l’entend. A nous d’accueillir et accepter sa proposition pour en jouer et renvoyer la balle. Nous sommes d’ailleurs libres de choisir de la renvoyer ou non. Nous sommes seul à décider si nous participons à cet échange, si nous jouons (échangeons) avec ce partenaire. Par contre, si la personne ne renvoie pas de balle ou ne joue qu’en faisant des smashs, on est libre de partir à la recherche d’un autre partenaire avec qui cela fonctionne mieux et avec qui on prend du plaisir à échanger. Par contre, si nous commentons chaque balle, on risque que de se retrouver dans les gradins à commenter et à ne plus participer à l’échange. C’est ce que nous amène à faire un narcissisme instable. A nous de réussir à trouver des partenaires de jeux qui nous va bien. Tout comme une pièce de puzzle, on ne peut pas convenir à tous.

Enfin, dans un échange, il est nécessaire d’être dans un accord sur le niveau de dévoilement dans lequel on s’inscrit :

  • Dévoilement superficiel : on partage des choses neutres comme parler de la pluie et du beau temps
  • Dévoilement moyen : on donne son avis sur des choses et d’autres. J’aime ou je n’aime pas ce plat, ce film, je préfère cela, etc.
  • Dévoilement profond : on partage des choses intimes. Je sors de chez le psychiatre, je suis triste, je vous aime, j’ai envie de vous, etc.

Les poisons de la relation sont les attentes, la culpabilité que nous déclenchons ou que l’autre nous fait ressentir, l’agressivité, l’intolérance à la frustration, le manque d’empathie ou de sens de l’altérité, la volonté d’imposer à l’autre ses désirs, le manque d’écoute...

Par contre les relations amoureuses, amicales ou familiales sont formidables lorsque l’on se fait happer par le flow de l’échange pour vivre une expérience ensemble. Il n’y a plus d’attente ni de jugement, juste à vivre l’instant et ce qui se joue.

Et vous, comment envisagez-vous les relations à l’autre ? Sentez-vous parfois seul(e) ou incompris(e)

 

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