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20 juin 2022 1 20 /06 /juin /2022 21:37

Enfant sensible, je suis me suis transformée hypersensible à l’adolescence. Cette métamorphose a été pour moi très perturbante. A la moindre interaction avec le monde, mon être et mon corps se mettaient à frissonner. Peu de choses me faisaient trembler pour me mettre en alerte devant je ne sais quoi. Je ressentais des vagues émotionnelles qui m’envahissaient comme un tsunami. Aussi, je craignais d’être débordé et de me noyer dans ces perceptions. Tout mon corps se mettait à s’exprimer fortement dès qu’il m’arrivait quelque chose. Ensuite, c’est comme si une sirène se mettait à hurler en moi avec mon cerveau qui criait : Danger ! Attention, Danger ! J’avais l’impression que tout me stressait… avec une forte envie de disparaitre dans une grotte. Cette sensibilité m’handicapait pour sortir, travailler et tout simplement vivre. Je m’imaginais des tas d’histoires sur toute chose.

Il m’a fallut un moment pour comprendre que je fonctionnais comme une anémone de mer. Comme elle, je suis sensible dès que quelque chose me touche. Cela me fait ffff…. Oh, la, lala ! J’avais l’impression que j’allais m’écrouler à chaque instant comme une rose voit tomber tous ses pétales au moindre vent. Tout comme elle, mon premier réflexe de défense était de me rétracter. Pourtant… me défendre de quoi ? De la vie ? J’ai appris à observer que le flux de la vie, tout comme le flux de l’eau, n’est pas source de danger pour moi comme pour l’anémone. Certes la vie est parfois inconfortable, incertaine, désagréable… mon cerveau émotionnel aimerait savoir ce qui va se passer, contrôler, ou avoir une carapace protectrice tout comme le homard… mais la vie est rarement dangereuse, si on fait ce qui ce qui faut pour prendre soin de soi, pour avoir à se mettre en position de défense, nouée, serrée, en permanence. Il n’y a pas des requins à chaque coin de rue malgré ce que tente me raconter mon cerveau. Aussi, je n’ai pas à m’emballer dans une rétractation inutile, à me stresser pour tout. D’ailleurs, le mot stress vient du latin stringere qui signifie « rendre raide», «serrer», «presser». Lorsque quelque chose me touche, mon premier réflexe est de me resserrer. La première étape a été de supprimer le mot stress de mon langage qui me figeait pour retrouver du mouvement. Désormais, je dis que telle situation m’éprouve, que j’ai besoin de m’adapter, de m’ajuster, de digérer, de trouver plus de confort, etc. J’emploie des termes plus ouverts au mouvement de la vie.

Ensuite, il m’a fallu tout un travail pour accueillir et accepter d’être touchée, de ressentir des sensations et de les voir non pas comme des problèmes mais comme des ondes de vie qui rayonnent en moi, éclairant mon humanité. Ce n’a pas été facile de faire de la place à l’expérience corporelle que je ne contrôlais pas, de ne pas l’interpréter comme source d’insécurité. Pour cela, j’utilise la respiration ventrale pour apprivoiser ce que me fait vivre mon corps, savoir rester au contact de ses vibrations sans paniquer et digérer l’intensité des émotions que cela m procure.

J’ai aussi compris que cette sensibilité était un atout pour vivre des expériences, des plaisirs ou des extases qui ne sont pas accessibles à tous et qu’elle me permet désormais de percevoir, dans les relations humaines des choses que ne perçoivent pas les autres. Mon cœur d’anémone est devenu un précieux outil pour m’aventurer dans la vie. Progressivement, j’ai appris à ouvrir mon être à la vie comme l’anémone laisse ses filaments flotter librement dans l’eau et à dominer ma peur. Il ne faut pas confondre danger, alarme et sensibilité. Elle est le point de départ de mon intelligence émotionnelle. Certes, il m’a fallut du temps pour comprendre que ces sensations et ces émotions n’étaient pas une maladie, qu’il n’y avait pas besoin de forcément prendre des substances pour anesthésier mon corps et qu’il ne fallait pas que j’écoute mes alarmes intérieures qui se déclenchaient pour des stimuli non dangereux, la fameuse machine à blabla !

Je suis comme une anémone et je suis désormais fier de cette sensibilité que j’ai appris à apprivoiser pour en faire une opportunité de vie. Et vous ?

Mona

Siaud-Facchin J et Seznec JC : Grandir, vivre, devenir. Ed Odile Jacob

 

 

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