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26 janvier 2018 5 26 /01 /janvier /2018 15:54

Nous jugeons bon ce que nous désirons (Spinoza) et non le contraire. Désirer ce qui est bon, c’est un des écueils de la quête amoureuse qui nous amène à juger bon pour nous un être que nous désirons. Cependant, une fois le désir retombé, la réalité nous présente un partenaire qui n’est pas toujours aussi bon pour nous. Dans l’art de la drague, une approche est de faire générer par le garçon du désir chez l’autre, la femme, afin qu’elle nous trouve « bon » au moins le temps d’une rencontre. C’est ainsi que fonctionne le marketing amoureux que maitrise les séducteurs qui vivent dans l’instant de la rencontre. Casanova était séducteur, générer le désir, et se sentir aimer le rassurait le temps d’un instant.

En fait, tout le marketing commercial fonctionne ainsi : générer du désir afin que nous jugions bon le produit et que cela se traduise par un comportement d’achat. Combien d’objet avons-nous juger bon et avons-nous acheter et qui s’accumule dans un coin de notre maison ? Notre tête nous raconte de nombreuses histoires de besoins matériels et amoureux.

Nos désirs se nourrissent de nos besoins : sécurité, reconnaissance, considération, amour, apaisement, etc. Lorsqu’ils s’enflamment deviennent passions. Pour certains, ils prennent la forme de discours et de jugement, pour d’autres d’actions.

La mauvaise foi se nourrit elle de la difficulté à renoncer à ce que nous désirons ? Comme être aimer ou reconnu ? Tout serait bon pour ne pas être au contact de la sensation de ne pas être à la hauteur ?

Le désir nous amène dans une quête avide. Cette quête nous protège de l’angoisse de la solitude que nous observons lorsque nous nous détachons du troupeau mu par ce désir collectif. Arrivé à dépasser cette angoisse, en accueillant notre fragilité et notre impermanence, ouvre à une joie et à une plénitude. Nous pouvons ainsi observer et savourer la beauté de ce qui est et de ce que nous sommes comme une expérience unique et précieuse qui n’existe que dans cet instant.

A tout cela se pose la question existentielle suivante. Que choisir : la fièvre et à la jouissance de la passion quitte à se fourvoyer et à se noyer d’illusions ou la satisfaction paisible de nos besoins en s’émancipant du prisme déformant des désirs afin de gagner en pleine conscience ? Que préférez ? Une vie consommatrice de désir et de passion source de nombreux rebus et de déchets, une fois ceux-ci passés pour se jeter dans d’autres ? Ou une vie plus consciente qui butine et qui négocie l’instant avec justesse ?

La question se pose à titre individuelle. Mais d’un point de vue collectif, cette vie de désir et de passion est source de mouvement qui font tanguer la terre : déchets, pollution, accumulation, industrialisation, etc. En outre, est-ce que nos désirs et passions sont authentiques ou instrumentalisés par la société de consommation ? Voulons-nous être libre, authentique et autonome ou fiévreux, passionnés au risque d’être dépendant et le jouet d’autres ?

Est-ce que parce que j’ai peu de désir que je peux observer le monde au plus proche de sa réalité ? Comme je n’attends rien de celle-ci pour juste la vivre, j’ai l’impression d’être plus en connexion avec celle-ci pour choisir et m’ajuster. François

La pleine conscience et la défusion (faire la différence entre soi et ses pensées) permettent d’essayer d’appréhender au plus près de la réalité ce qui se présente à nous afin de ne pas être trop dans la réaction mais dans l’accueil pour choisir comment nous allons négocier ce qui se présente à soi.

Désir d’exister et de ne pas être dissous dans le groupe qui amène à s’agiter, quitte à griffer l’entourage pour dire que je suis moi et non mélangé au groupe. Cette difficulté d’être que l’on a appelé fragilité narcissique amène à parler, à travailler, à s’agiter, à batailler ou à faire du sport.

On a souvent émis l’hypothèse que les sportifs compétiteurs étaient, pour certains, des personnes ayant une fragilité narcissique. Face à la difficulté d’être, ils auraient besoin de faire et de refaire dans un système sportif qui leur donne d’une main ce que leur retire le lendemain une autre main. Les titres sont éphémères et amènent à recommencer la compétition dans une addiction à la gagne. Combien de sportifs addictent à la gagne, malgré tous leurs titres, ont continué à se doper en fin de carrière pour à nouveau pouvoir renouer avec ce sentiment de la gagne.

Le désir prend de nombreuses formes et nous donnent à penser et parfois à nous illusionner. Il fait le sel de la vie mais nous pique parfois. La mode est plus au désir de consommation qu’au désir passionnel et à ses excès que notre société semble moins tolérer. La force obscure de la force n'est plus à la mode.

 

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10 janvier 2018 3 10 /01 /janvier /2018 12:21

Pour une très large majorité de mes patients, l'objectif de la thérapie est la prise d'autonomie. Le travail dans le cabinet du psychothérapeute a de multiples objectifs qui donnent le sens à cette relation. Mais quelque soit ceux-ci, cette prise en charge doit avoir un début et une fin pour en garder son sens. On est dans le cadre d'un soin et non d'une greffe psychothérapeutique!

Ce travail prend différent aspect selon les besoins et les techniques proposées. Il peut consister à apprendre de nouvelles compétences, à savoir négocier les aléas de la vie, gérer les cicatrices du passé. Les patients apprendront aussi à composer avec la souffrance, l'inconfort et les frustrations de la vie, qui peuvent parfois être traumatique, mais aussi, si besoin, à se construire une identité, une représentation de soi ou un espace psychique où ils pourront vivre et s'exprimer le plus en paix possible.

Le corrélat de la finitude de ce soin est que l'on doit arriver à ne plus se voir avec le patient dès que possible malgré le plaisir de l'échange et du partage, car ce n'est pas ce qui donne du sens à ce type de rencontre qui reste et restera uniquement professionnelle. Pour ma part, c'est ainsi que je l'énonce dès la première séance : l'objectif de notre travail est que l'on arrive à ne plus se voir.

Pourtant, certains psychothérapeutes et patients se complaisent dans une relation psychothérapeutique chronique qui reste qu'une illusion de vie lorsqu'elle dure excessivement et qui met en jeu d'autres problématiques que celui du soin pour le patient et/ou le thérapeute. La vie est ailleurs que dans le cabinet. Le cabinet n'est qu'un lieu de transition, de soutien, de transformation, mais aussi un lieu où l'on s'autorise à penser et à à avoir un espace psychique entre soi et soi grâce au rôle réflexif du psychothérapeute et du cadre. Mais quoiqu'il en soit, la direction de cette prise en charge est de pouvoir se séparer et de construire une vie qui s'émancipera du cadre psychothérapeutique. Elle ne doit pas être une rente pour le psychothérapeute et une vie canada dry pour le patient où la relation psychothérapeutique y instrumentalisé pour oser être soi. Il en est de la responsabilité du thérapeute de garantir cette intention.

Est ce que les thérapies qui dure sans fin ne constituent pas un évitement à la solitude pour le patient et à une difficulté à se séparer et à renoncer pour le psychothérapeute? Vivre demande du courage.

Le départ d'un patient n'est pas toujours simple pour un psychothérapeute. Les conditions pour se dire correctement en revoir ne sont pas toujours réunies.

Dans cette époque consumériste, les patients disparaissent parfois brutalement ou nous adresse un mail ou un sms pour nous dire merci et qu'ils n'ont plus besoin de nous sans prendre le temps de ces dernières séances si importantes pour la psychothérapie pour pouvoir conclure une prise en charge et se dire en revoir. Le psychothérapeute investi beaucoup de lui, de son coeur et de son humanité pour accompagner ses patients. Cet investissement est particulièrement important et nécessaire en début de psychothérapie pour encourager le patient à s'engager dans cette prise en charge. Certaines séparations peuvent être brutale et source de souffrance, d'où la tentation de durer sans fin. De plus, ressentir que l'on est si important tout au long d'une vie d'un patient peut combler les failles narcissiques ou nourrir un sentiment de toute puissance d'un thérapeute fragile.
Enfin, la question de savoir qui doit annoncer la fin de la thérapie n'est pas simple. Est ce qu'elle soit se dire, se ressentir ou être une évidence driver par le thérapeute?

Sur ce sujet, je vous encourage à lire l'excellent article de mon collègue van rillaer sur ce sujet : http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article2905

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8 décembre 2017 5 08 /12 /décembre /2017 23:10

Docteur Jean et Mister Johnny sont partis

Jean d’Ormesson et Johnny Hallyday ont tous les deux, coup sur coup, disparus. Cette double disparition, au lieu d’annuler l’écho qu’elle aurait pu produire, résonne l’une avec l’autre. A mon avis, ce n'est pas pour rien. En effet Jean D’Ormesson et Johnny Hallyday apparaissent comme deux facettes d’une même idée de la France issue de la deuxième guerre mondiale et qui a pris son essor pendant les grandes glorieuses pour atteindre définitivement le firmament et traverser l’histoire intellectuelle et populaire de France.Ils sont le docteur Jean et le Mister Johnny d'un même type d'homme.

Ce qui est particulièrement frappant dans ces deux parcours est la trajectoire continue de ses êtres d’exceptions qui les a menés aux contacts de ce qui les importaient sans changer. Ils sont restés les mêmes hommes quelques soient leur succès, les critiques ou les adversités. Bien d’autres de leur génération ont trébuché, se sont fourvoyés, ont eu des périodes de médiocrités ou se sont éclipsés plus ou moins longuements. De plus, ils ont connu la gloire et la reconnaissance tout en cheminant avec la souffrance qui était la leur. Pour Jean D’Ormesson, ce fut la déception du père trop rapidement déçu et un amour qu’il a laissé échapper et une enfance douloureuse et des peines d’amour pour Johnny.

Malgré cela, ils ont choisi de suivre la direction qui était la leur : L’écriture pour Docteur Jean et le Rock’n roll pour Mister Johnny. Autant Jean D’Ormesson a eu une forte conscience qu’il avait traversé la vie en première classe faite d’élégance, charme, lettre et distinction, autant Johnny est resté cet homme simple, rocker et populaire malgré les succès. Cet engagement autour de ces valeurs est une signature d’une certaine idée de la France que l’on appréciait à leur époque. J'aime cette facette de la France malgré ma Breizh attitude. C’est aussi une idée de l’homme que j’apprécie faite de dignité et d’honnêteté dans ses choix. Je trouve qu’il y a de l’ACT dans tout cela. Ils ont su surfer dans la vie tout en gardant la direction de leur vie. Ils ont su faire preuve de flexibilité pour vivre avec la souffrance que possède tous les êtres humains tout en gardant le cap de leur existence. En cela j’admire ces deux hommes et, je l’avoue, leur parcours me fait envie sans les jalouser car c’est leur vie. Il y a je trouve une certaine beauté dans tout cela. Ils ont été les héros de leur vie tout en restant humain avec leur souffrance, leur fragilité, leurs imperfections. Ils ont su assumés leur travers comme Jean D'Ormesson avouait ne pas avoir suffisamment d'orgueil pour résister aux honneurs. Il sont restés tout simplement humain tout en devenant grand.

Je n'ai jamais lu un livre de Jean D'Ormesson, je n'ai jamais acheté un disque de Johnny ni vu un de ses spectacles pourtant j'ai beaucoup entendu et suivi la vie de l'un et de l'autre et chanté des chanson de Johnny. J'aime la facétie d Docteur Jean et l'entièreté de Mister Johnny. Ils ont partiticipé tous deux à la colonne vertébrale d'un époque

J’admire les êtres qui ont le courage de s’engager toute une existence dans un projet de vie tout en restant de simples humains. J'aime admirer ce genre de grands hommes ou de femmes. Ils en font partis à mon goût.

Alors certes, tout le monde n’a pas les mêmes goûts que Docteur Jean et Mister Johnny, mais ils ont habité pendant toutes ces années notre univers et la permanence de leur présence pendant tout ce temps a participé à notre univers social quoiqu’il en soit. Même si on n’aime pas leurs œuvres, il est difficile de rester insensible aux mots sur la vie et la mort de Jean D’Ormesson et sa truculence jusqu’à la fin de sa vie. Il est de même quant à la présence et à la musique de Johnny qui a existé même au sein des Guignols et de la grande époque de Canal plus qui constitue un univers plutôt éloigné de ce chanteur. Pour tout cela, je m’incline et je souhaite dire, à la façon du guignol de Johnny : Ah que respect !

Les derniers mots écrits de la main de Jean d'Ormesson:
« Une beauté pour toujours. Tout passe. Tout finit. Tout disparaît. Et moi qui m’imaginais devoir vivre pour toujours, qu’est-ce que je deviens ? Il n’est pas impossible… Mais que je sois passé sur et dans ce monde où vous avez vécu est une vérité et une beauté pour toujours et la mort elle-même ne peut rien contre moi. »

 

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7 décembre 2017 4 07 /12 /décembre /2017 11:05

La relation médecin patient est le socle de la relation de soin. Il s’agit d’une relation de confiance ouvrant la possibilité d’un contrat thérapeutique. Dans celui-ci, le médecin donne le meilleur de lui-même tout en suivant les règles de l’art (éthique et déontologie) et le niveau des connaissances en vigueur à l’instant. Quant au patient, s’engage pleinement en collaborant au soin.

 

La dérive administrative et industrielle de notre système de santé a transformé profondément l’image du médecin, la perception de celui-ci par les patients et son évaluation par les instances qui régissent la santé aux dépens de la relation de soin. En effet, dans cette évolution, le système demande aux médecins de faire ou de ne pas faire certains actes aux dépens de l’être. On impose aux médecins de devenir un employé de santé aux ordres des injonctions des objectifs de santé au lieu d’être un thérapeute. Le pivot du soin n’est plus le soin mais la logique comptable et statistique de la santé. La médecine est devenue un service que l’on consomme avec tous les abus possibles.

De ce fait, cette relation patient médecin essentielle au soin ne fonctionne plus. Le patient n’est plus un allié mais un client qui peut à tout moment se retourner contre son médecin, ce qui participe à l’insécurité de celui-ci. En effet, des patients que l’on connait depuis des années peuvent à tout moment se retourner brutalement et agressivement son médecin. La relation n’est plus une relation de confiance où l’on peut se parler et s’expliquer mais une relation émotionnelle. Ceci- est d’autant le cas que la médecine et le médecin sont régulièrement bashé par les médias. Tout sujet d’actualité se termine ibranler, rrémédiablement sur les médecins. Que cela soit la corruption, les conflits hommes femmes, les harcèlements sexuels, le racisme, le testing, ces sujets se terminent systématiquement dans les médias par une accusation des médecins. Ils sont devenus les boucs émissaires sociales d’une société fragilisée comme le sont aussi les enseignants et les policiers. A travers ce regard complotiste de la société et des médias, le patient a été éduqué a voir le mal dans chaque acte de son médecin, prêt à dégainer devant toute frustration, insatisfaction ou incompréhension.

Pour le plus grand nombre, il est clair que le médecin prescrit trop, mal, qu’il est acheté par l’industrie pharmaceutique tout en voulant des antibiotiques immédiatement pour guérir une infection ou un arrêt de travail. Dans les enquêtes, on observe le paradoxe que les français aiment leur médecin mais se méfient des médecins. Celui-ci est pris dans des injonctions paradoxales de la part des patients et des instances qui le font souffrir, qui l’use et qui le maltraite. Les relations avec les patients et les tutelles sont de plus en plus insécurisantes. Il se sent désormais en permanence menacé d’une plainte, d’un contrôle CPAM, d’un contrôle fiscal ou URSSAF ou d’une remise en cause de ses prescriptions alors qu’il donne le plus souvent sans compter.

Le médecin ne peut plus s’appuyer sur son autorité professionnelle et son savoir faire qui est discordante avec la logique émotionnelle des patients et administratives des tutelles. La tension que cela induit est un des facteurs majeurs du burn out des soignants et de la perte de vocation. Si le patient a besoin d'être écouter et entendu, le médecin a besoin d'être respecter dans son professionnalisme. La médecine est un pilier de la société. Lorsque l'on permet à chacun, sur un mouvement d'humeur, de taper dessus au risque de l'ébranler, le toit tombe sur la maison. L'état et les médias portent une lourde responsabilité dans cette dégradation.

En effet, exercer la médecine est engagement. C’est une relation d’amour et un don de soi envers son prochain. Prendre de la distance serait du cynisme incompatible avec l’exercice de la médecine. Le médecin ne peut pas soigner au quotidien avec le sentiment d’avoir un pistolet sur la tempe. Au quotidien, il se doit de prendre des risques pour négocier ce qui se présente à lui. Il a besoin de se sentir en confiance et sécuriser pour pouvoir le faire. Prendre en charge le burn out des soignants demande à restaurer cette relation.

La relation médecin patient est malade. Il s’agit d’une fracture sociale qui peut être lourde de conséquences pour l’équilibre de notre société car au fond, nous avons besoin d’être tous rassurés, que quelqu’un est prêt de nous pour nous accompagner dans les épreuves de la vie. S’il n’a plus de médecins qui le fera humainement ?

 

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22 novembre 2017 3 22 /11 /novembre /2017 08:43

Le microbiote est cet amas de micro-organisme qui recouvre les surfaces de notre corps : peau, l’intestin,la bouche, le vagin,  tube séminale, etc. Le microbiote intestinal est désormais considéré comme un organe à part entière car il possède une physiologie propre influant sur notre métabolisme et nos comportements.

Le microbiote intestinal est l’ensemble des micro-organismes qui habitent la lumière de notre système intestinal. Il est composé d’environ deux kilos de bactéries et levures et de plus de 10 millions de gènes (l’être humain en possède 30 millions) avec plus 1500 espèces.  17% de celui-ci sont des bactéroïdes, 80,15 % des firmicutes.

La composition du microbiote est propre à chaque être humain et forme une carte d’identité personnelle. Les êtres humains n’ont que 18 espèces en commun ce qui nous informe de l’hétérogénéité de ce nouvel organe.  Il se constitue à partir de la naissance pour se stabiliser vers 2 ans à partir des bactéries maternelles, de l’environnement et de ce que le nouveau-né mangera. On a découvert aussi que nous possédions des bactéries dans nos cellules. Finalement tout cela pose des questions existentielles, à savoir qui habite qui ! Est-ce que c’est notre microbiote qui nous habite ou l’inverse ? En tout cas, la vie et notre équilibre biologique n’est possible que grâce à cet organisme. Il participe à notre équilibre écologique. A la lumière de ces découvertes, je vous propose une lecture un peu différente de Freud et du développement pré-œdipien. Pendant le stade oral, le nourrisson incorpore des bactéries pour stabiliser son microbiote intestinal lors du stade anal ! Ces stades ne seraient qu’une histoire de microbiote et non celle d’une sexualité pré-oedipienne. Qu’en pensez-vous ?

Autrefois, le microbiote était connu pour participer à la digestion intestinale. Depuis, on a découvert qu’il avait un impact sur le fonctionnement de notre intestin, de notre cerveau, de notre bouche, nos yeux, notre système cardio vasculaire, notre foie, nos muscles squelettiques et notre tissu adipeux. L’apparition d’une obésité, d’une stéatose et d’une stéatite peut se faire par transmission microbiotique. En effet, si vous implanter une portion du microbiote d’un homme obèse à une souris, celle-ci deviendrai obèse. Le stress, la nutrition, les médicaments (plus particulièrement les antibiotiques) et les insecticides ont une influence sur notre microbiote. Habituellement, après un traitement antibiotique pour un trouble infectieux qui aura abrasé notre flore intestinale, une repousse à lieu à partir des réserves enclavées dans les replis et les cavernes intestinales. Par contre, les traitements antibiotiques pris avant l’âge d’un an perturbent un microbiote encore instable et peut être source d’une dysbiose (l'altération qualitative et fonctionnelle de la flore intestinale). Ainsi, le rôle du microbiote intestinal est de mieux en mieux connu. On sait désormais qu'il joue un rôle dans les fonctions digestive, métabolique, immunitaire et neurologique. En conséquence, la dysbiose est une piste sérieuse pour comprendre l'origine de certaines maladies, notamment celles sous-tendues par des mécanismes auto-immuns ou inflammatoires. Son étude est devenue un axe central pour la recherche biologique et médicale.

Les habitants de notre tube intestinal influent sur notre comportement. En effet, de façon incroyable, il a été montré que la probabilité d’être impliqué dans un accident de la route est plus élevé lorsque le conducteur est colonisé par des toxoplasmes. Cet effet est amplifié lorsque le conducteur possède un rhésus négatif. Cet effet a été mis en évidence aussi chez des rats qui lorsqu’ils sont porteurs de toxoplasmes prennent plus de risques.

La greffe fécale est une piste thérapeutique d'avenir. D'ailleurs, dans le cas d'infection au clostridium, elle est déjà remboursé par la sécurité sociale.

 

Ce n’est pas tous les jours que nous découvrons un nouvel organe chez l’être humain. J’ai une petite pensée pour mes collègues qui choisissaient d’être gastro-entérologue et que l’on raillait en les appelant des trou-du-cul-ologue et de notre air dégoutté en pensant aux examens de selles que l’on se représentaient comme de la merde. Non, c’est de l’or en barre. L’examen de nos selles et de notre microbiote permet d’appréhender la façon dont on a vécu et prédire notre avenir, ou du moins, les maladies métaboliques que nous allons avoir. Finalement, Mme Irma va se reconvertir et ce n’est plus dans le marc de café qu’elle nous lira l’avenir. Tout cela nous rend humble sur les jugements hâtifs que nous pouvons parfois avoir.

 

https://www.inserm.fr/thematiques/physiopathologie-metabolisme-nutrition/dossiers-d-information/microbiote-intestinal-et-sante

 

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6 novembre 2017 1 06 /11 /novembre /2017 21:08

Dans le bus, le métro ou le train, il est devenu de plus en plus difficile de lire, de penser ou de rêvasser sans être envahit par la pollution sonore de toutes ces personnes qui profitent du temps de transport pour téléphoner, tout en faisant bénéficier leur voisin de leur intimité. Ce bruit et ses conversations qui ne m’appartiennent pas m’indispose. Je ne veux pas être au courant de la vie privé des inconnus qui voyagent autour de moi. Je suis prêt à papoter avec eux, palabrer mais pas à être condamner à être passivement voyeur de leurs histoires personnelles, de ce qu’ils vont faire à diner, de leurs pannes de robinet, des recommandations faites à leurs enfants, de leurs jeux amoureux, de leur liste de courses… STOP ! Je n’en peux plus de cette pollution sonore de l’intimité d’autrui. Dans mon cabinet de psychiatre, je peux tout entendre mais dans les transports en commun non !

 

Dans le film « les ailes du désir » de Wim Wenders, des anges écoutaient les voyageurs dans le métro pour être les récepteurs de la souffrance humaine et pour pouvoir essayer de les apaiser en mettant une main sur leurs épaules. Pour ma part, je n’essaierai même pas de le faire de peur de prendre une baffe ou d’une phrase du type « Qu’est-ce qu’il me veut celui-là ? plus moyen de téléphoner tranquille ! Nous avons perdu en poésie et la psychologie n’est pas urbaine.

 

A l’époque des écoutes téléphoniques organisées sous le septennat de François Mitterrand, la population française s’est offusquée que ces écoutes touchaient non seulement des responsables politiques mais aussi des Peoples et des citoyens lambda. On a crié au scandale et condamné sur la place publique de tels agissements. Maintenant, grâce à la technologie du mobile, ces écoutes téléphoniques sont publiques ! Il suffit de prendre le train pour être au courant de la vie quotidienne de votre voisin. Étonnant, dirait Pierre Desproges ! On vit une époque formidable !

Il faut savoir que dans certains pays comme le Japon, il est interdit de téléphoner dans les transports en commun. Le métro est d’un calme olympien sans que, qui que cela soit, trouve à redire.

 

Alors, j’ai envie de dire STOP ! J’ai songé à prendre ma chaussure dans la main en guise de mobile pour téléphoner moi aussi à un interlocuteur imaginaire. J’ai aussi pensé chanter à tue-tête des chansons paillardes, péter, roter éhontément afin de montrer que moi aussi je peux être inconvenant et dérangeant pour mon entourage. Faire tout cela serait rentrer en lutte sachant que la guerre n’amène qu’à la guerre. En outre, je n’ai pas envie de jouer au concours de celui qui a la plus grosse, en l’occurrence la plus grosse connerie.

 

J’ai donc choisi de manifester silencieusement et paisiblement mon désaccord en extirpant une pancarte avec la mention « Halte aux écoutes téléphoniques, votre conversation ne m’intéresse pas » pour défendre le droit à l’intimité. Je lance donc officiellement aujourd’hui le mouvement « Halte aux écoutes téléphoniques » et j’encourage chacun à sortir pacifiquement sa pancarte dans les transports en commun et de la poser contre son ventre devant toute personne téléphonant publiquement. L’intimité est une chose précieuse. Les outils numériques fragilisent cette valeur. Facebook, Google et de nombreuses autres interfaces savent beaucoup de choses sur nous. Je ne suis pas sûr que nous soyons véritablement ravis de cette captation de notre vie personnelle. La défense de la vie privée commence par nos comportements, notamment en n’exposant pas à tous nos conversations téléphoniques personnelles.

 

Halte aux écoutes téléphoniques et vive l’intimité !

 

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23 octobre 2017 1 23 /10 /octobre /2017 23:11

Après Hunger games, vous allez adoré les care Games pour occuper les masses populaires et les détourner des vraies difficultés.

Les Care games sont des jeux organisés par les politiques et les administratifs pour essayer d’exister en malaxant et essorant le système de santé jusqu’à disparition du dernier médecin.

Autrefois, dans chaque district vivait en paix une population avec son instituteur, ses agriculteurs, ses policiers et surtout avec son médecin. Ce dernier était connu et reconnu. Il suivait des familles qu’il aidait au mieux de ses possibilités, de ses connaissances et des outils qu’il disposait. Etre médecin était un engagement par amour de l’autre, de la science, de la biologie et de son métier. Le médecin était un humaniste qui travaillait sans compter. Il faisait le mieux qu’il pouvait. Il en était récompensé par une rémunération, quelques avantages et surtout une reconnaissance et une considération.

Dans cet équilibre est arrivée des difficultés économiques de plus en plus importantes. Il n’y avait plus de guerre pour masquer l’incompétence de certains hommes politiques. Il a fallu trouver un bouc émissaire et organiser des jeux du cirque pour occuper la population afin qu’elle ne se révolte pas. Le problème choisi pour justifier ces jeux fut le trou de la sécurité sociale. Les responsables étaient les soignants. C’est ainsi que les jeux ont démarré éliminant un à un les médecins à chaque épreuve.

Pour commencer, on a limité par un numérus clausus le nombre de médecin sur l’idée que moins, il y en aurait, moins il y aurait de prescription. Ensuite, la loi santé Bachelot a coupé les médecins du sens de leur travail à l’hôpital. Désormais les médecins ne travaillaient plus pour répondre aux besoins médicaux mais pour répondre à des indicateurs administratifs leur permettant de faire survivre leur service. Ensuite, on a diffamé les médicaments et leurs fabricants. On a coupé les liens entre les médecins et l’industrie pharmaceutique en construisant un mur de Berlin entre eux. Les médecins ne pouvaient plus avoir l’information directe sur les médicaments qu’ils prescrivaient. Ils ont perdu la maitrise et la connaissance de leurs outils ainsi que le dialogue à leur bonne utilisation. C’est un peu comme si les réparateurs de voitures ne pouvaient pas discuter et échanger avec les fabricants de voitures tout en les rendant responsables des dangers encourus par les utilisateurs en cas de mauvaise utilisation. On a ensuite décidé et imposé leur formation via la formation continue (dpc). Les médecins de ville ont été obligé de soigner selon des indicateurs et non selon les besoins de santés. On les a aussi empêchés de voir trop de patient, de trop prescrire quitte à ce que la CPAM les condamne pour délit statistique et leurs interdisent d’exercer malgré les besoins de la population. L’état a choisi de mettre en place des normes d’accessibilité pour les handicapés mettant de nombreux cabinets hors la Loi et empêchant les médecins les habitant de trouver de jeunes associés pour prendre la relève ensuite. Il a été décidé de construire des maisons de santé avec des règles si strictes que très peu de médecins n’avaient envie de s’y installer. Le tiers payant a été inventé avec comme tentative de maitriser et de contrôler leur rémunération. L’exercice de la médecine est de plus en plus dur. Le temps médical disponible a baissé aux dépens du temps administratif. Les patients consomment de plus en plus du soin au détriment de la relation de soin. Ils sont de plus en plus procéduriers, agressifs et revendiquants les privant eux et les médecins d’une relation de soin seule soigante.

Notre nouvelle ministre de la santé veut contrôler les inscriptions en médecine par un prérequis et certifier les médecins en exercice.

De tout cela il en résulte une chute de la vocation. 10% des internes en médecine souhaitent s’installer. Le nombre de médecins en exercice va baisser jusqu’en 2025[1]. Une thèse en médecine a montré que parmi une population d’interne 10% étaient alcoolique, 20% avaient des idées suicidaires et 65% songeaient à arrêter leur métier. Les médecins sont des privilégiés qui étrangement renoncent à exercer ce formidable métier.

Le soin est une activité qui échappe aux politiques et aux administratifs. C'est métier qui se pratique par amour de l'autre. Les médecins sont les grognards de la République. Ils ont besoin qu'on les aime pour exercer. Lorsqu'on les aime, ils peuvent donner sans compter et procurer l'amour nécessaire ('altruisme et l'humanité) au soin.

La question reste : Quel est le dernier médecin qui va survivre à ces care games ? Quand est ce que l’embrasement et la révolte aura lieu contre ces politiques et administratifs qui auront engendré la crise sanitaire qui s’annonce faute de soignants ?

Quand une société organise des jeux du cirque, c'est souvent le début d'une décadence et d'un déclin.

 

 

[1] http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2017/10/12/20002-20171012ARTFIG00074-le-nombre-de-medecins-en-activite-continue-de-baisser.php

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5 octobre 2017 4 05 /10 /octobre /2017 10:18

À chaque instant, des actes d’une extrême violence sont commis quelque part sur la planète et sont relayés instantanément par les médias. Certes, la violence connaît épisodiquement une sinistre recrudescence dans certaines zones de conflits.

Mais, les faits sont là. Comme le démontre sans équivoque le travail magistral de Steven Pinker, la violence, sous toutes ses formes, individuelle et collective, n’a cessé de diminuer dans le monde au cours des siècles.

Le taux d’homicide en Europe, par exemple, est passé de 100 par an pour 100 000 habitants au XIVe siècle, à 10 au XVIIe siècle et à 1 de nos jours ! En France, il y a aujourd’hui deux fois moins de meurtres annuellement qu’il y a vingt ans.

 

Cette conclusion est le fruit d’investigations de grande ampleur menées par de nombreuses équipes de chercheurs au cours des trente dernières années. Elle surprendra sans doute, tant elle va à l’encontre des idées reçues, des tristes nouvelles dont nous abreuvent constamment les médias et des propos alarmistes des démagogues qui souhaitent profiter de la peur qu’ils sèment dans l’opinion pour conquérir le pouvoir.

 

Donald Trump, par exemple a proclamé en février 2017 que les homicides avaient atteint leur plus haut niveau depuis 47 ans aux États-Unis. Or, selon les chiffres donnés par le FBI, en 2014 le taux d’homicide était à son niveau le plus bas depuis prés de 55 ans ! Il a même diminué de moitié depuis les années 1990.

 

Ce déclin de la violence concerne aussi la violence domestique, qui reste pourtant l’une des formes de violence les plus répandues dans le monde. Aux États-Unis, par exemple, la maltraitance des enfants — violences physiques et abus sexuels — a diminué de moitié en vingt ans, tandis que la fréquence des viols a diminué de 85 % entre 1979 et 2006 (tout en restant un problème grave dans de nombreux pays).

 

Pour se faire une idée juste de l’évolution de la violence dans le monde, il est donc indispensable, d’une part, d’envisager l’évolution de la violence sur de longues périodes de temps et, d’autre part, de ne pas prendre en compte uniquement les événements ou conflits qui frappent le plus notre conscience, mais d’analyser le plus grand nombre de données possibles.

Les chercheurs ont analysé des milliers de conflits, dont beaucoup étaient tombés dans l’oubli et ont été redécouverts grâce à la consultation méthodique des archives historiques. Ils ont pris en compte tous les conflits, aussi bien entre pays qu’au sein d’un pays (guerres civiles, règlements de compte entre clans et tribus, etc.) – ayant entraîné au moins cinquante morts. Or, il s’avère que la fréquence des guerres entre États a régulièrement diminué au cours des siècles, ainsi que le nombre moyen de victimes par conflit.

 

Pinker montre de manière convaincante que ce déclin général de la violence est dû à l’essor de la démocratie, à l’existence d’un nombre croissant d’États stables, à l’accroissement des échanges librement consentis entre les peuples, aux missions de paix, à l’appartenance à des organisations internationales, au fait que la guerre ne suscite plus l’admiration, au respect croissant des droits humains, aux bienfaits de l’éducation et à l’influence accrues des femmes (même si cette dernière reste encore insuffisante).

 

En essence, nous devons donc éviter de sombrer dans le syndrome du mauvais monde, de succomber aux affres de la sinistrose et de se réfugier dans un sentiment d’impuissance chronique. Le monde va mieux, cela ne fait aucun doute. Cela n’empêche pas qu’il reste beaucoup à faire. La dégradation de notre environnement est incontestablement le plus grand défi du XXIe siècle dans la mesure où il va affecter de façon majeure le sort des générations à venir et pourrait créer des conflits susceptibles d’inverser cette diminution régulière de la violence dans le monde.

 

En conclusion de son remarquable ouvrage, Steven Pinker mise sur la raison pour continuer à réduire la violence. Il considère qu’elle seule peut nous permettre d’étendre le cercle de l’empathie et du sens moral par-delà le cercle de nos proches et des membres de notre « groupe » — nation, religion, ethnie ou tout autre particularisme susceptible de porter atteinte à la perception de notre humanité commune. Il pense aussi que c’est la raison et le sens de la justice qui pourrait mettre fin à l’instrumentalisation sans bornes des quelque 8 millions d’espèces animales qui sont nos concitoyens sur la planète. La « part d’ange en nous », selon la formule célèbre d’Abraham Lincoln, devrait donc continuer à croître au fil du temps, pour le bien de tous.

Nous sommes ici en présence d’un livre majeur que devraient lire tous les journalistes, tous les politiciens et toute personne qui s’intéresse à l’évolution de nos sociétés.

 

La part d’ange en nous. Histoire de la violence et de son déclinconférence de Steven Pinker en compagnie de Matthieu Ricard, organisée en partenariat avec Les Arènes à l’occasion de la sortie du livre de Steven Pinker : lundi 9 octobre 2017 de 19h45 à 21h45 au Grand Amphithéâtre des Arts et Métiers - 151 Boulevard de l’Hôpital, Paris 13ème (métro : Place d’Italie ou Campo-Formio).

http://www.matthieuricard.org/blog/posts/steven-pinker-a-paris-une-rencontre-a-ne-pas-manquer-lundi-9-octobre-2017

 

 

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28 septembre 2017 4 28 /09 /septembre /2017 12:52

 

La modification de deux excipients du levothyrox sont actuellement à l’origine d’une polémique. En effet, de très nombreux patients se sont plein d’effets indésirables. Ces patients ont accusé le laboratoire Merck, fabriquant du Lévothyrox, d’être responsable de ces maux. Ce laboratoire a été conspué sur la place publique. La vox populi a rattaché cette décision au grand complot de l’industrie pharmaceutique. Tous ces événements ont été relayés très largement par les médias sans analyse de fond et partage de la vérité, faisant ainsi enfler le sentiment d’injustice, de maltraitance et d’abus des laboratoires pharmaceutiques.

Qu’en est-il réellement ?

Tout d’abord, il est nécessaire de savoir que ce changement d’excipient a été fait à la demande de l’agence du médicament. En effet, celle-ci avait remarqué une dégradation du médicament dans le temps. C’est-à-dire que si les premiers médicaments d’une plaquette pouvaient délivrer 125 mcg de Lévothyrox dans le sang, les derniers médicaments de la plaquette pouvaient n’en délivrer que 110 mcg. Donc, afin de garantir la stabilité du médicament, l’Agence du médicament a demandé au laboratoire Merck de revoir la composition de celui-ci. Le laboratoire Merck a donc changé deux choses. Tout d’abord, il a rajouté de l’acide citrique anhydre (composé du citron) et remplacé le lactose par le mannitol[1]. Rien de plus ! La substance active est restée la même. Ceci-dit, il est nécessaire d'évaluer ces changements et entendre chacun.

 

Pourquoi toutes ces effets indésirables relatés ?

Tout d’abord parce que l’hormone thyroïdienne est le thermostat du métabolisme humain. Toute modification même positive peut avoir des échos corporels source d’interprétations et d’angoisses s’ils ne sont pas accompagnés par une bonne relation médecin malade. Les difficultés de biodisponibilité de cette substance rendent impossible l’utilisation de génériques.

Mais surtout du fait de l’effet nocebo de tout médicament qui peut être à l’origine de ces troubles. En effet, selon Ulrike Bingel, une neurologue allemande, plus un patient s’attend à développer des effets secondaires plus il a de chances que cela lui arrive vraiment. Ce phénomène psychique dit « effet nocébo » a des effets négatifs sur le fonctionnement d’un traitement. En 2016, une méta analyse a montré que les effets psychologiques négatifs varient de 4 à 26%. Ulrike Bingel rajoute que lorsqu’un média rapporte les effets négatifs d’un médicament sur un seul patient, cela entraine une peur collective. On observe ensuite une épidémie d’effets indésirables dans les mois suivant. Pour cette neurologue, il est nécessaire de vulgariser l’information et faire preuve de pédagogie pour ne pas générer de tels effets notamment dans l’écriture de notices médicamenteuses. On rencontre quotidiennement des patients qui sont terrorisés par des notices médicamenteuses ou les fiches à signer pour donner leur accord à une opération chirurgicale. Avec l’obligation d’informer et de tout dire, l’Etat a oublié de prendre en compte les effets indésirables d’une information froide et non circonstanciée.

 

Comment l’épidémie a pris de l’ampleur ?

L’épidémie a pris de l’ampleur parce que l’agence du médicament et la ministre de la santé n’a pas su communiquer correctement sur ce sujet. Ils ont une approche administrative du soin et ne possèdent pas la pédagogie nécessaire pour accompagner au mieux les citoyens.

L’Etat transforme peu à peu les médecins en employés de santé, leur retirant ainsi leurs compétences relationnelles qui sont les principaux outils du soin. Cette dérive administrative et industrielle du soin tue le soin.

Les médias ont pris, depuis de nombreuses années, le pli de basher systématiquement l’industrie pharmaceutique. Dans le grand complot fantasmé par les ignorants, le lobby de l’industrie pharmaceutique tient les rênes. On a construit un mur de Berlin entre les médecins et l’industrie pharmaceutique. Ils n’ont plus accès aux éléments d’informations et de dialogues nécessaire pour accompagner les patients.

 

Quelle réponse impartiale ?

Pour faire la part du vrai et du faux, il est nécessaire de faire une étude en double aveugle comparant les effets indésirables des patients prenant l’ancienne formule du Lévothyrox avec des patients prenant la nouvelle formule. Dans une étude en double aveugle, personne ne sait ce qu’il prend ni même les médecins ne savent ce qu’ils prescrivent puisque leur attitude influe sur la perception du médicament par le patient. Une telle étude est en cours.

Cela ne sera pas suffisant car il est très dur de lutter contre la force de l’imaginaire et des croyances. En effet, de telles études ont été menées chez des personnes se disant électrosensibles. Ils étaient incapables de discerner à l’aveugle les pièces avec des ondes avec d’autres sans ondes.

C’est pour cette raison que l’Etat et les médias ont une grande responsabilité dans leurs actions pour ne pas laisser se dévelloper rumeurs. Il est très difficile ensuite de revenir en arrière. Les citoyens ont besoin d'éléments de réalité et de pédagogie pour ne pas être débordé par l'angoisse.

 

Le paradoxe des génériques

On a changé deux excipients à un médicament et cela a fait suffisamment scandale pour que l’agence du médicament fasse machine arrière. Par contre, on tente d’obliger les médecins à prescrire des génériques où tous les excipients peuvent changer et en faisant croire aux patients que c’est exactement la même chose (quid de l’effet nocébo ?). Si l’Agence du médicament était logique dans son action elle arrêterait d’harceler les médecins pour qu’ils prescrivent des génériques.

 

De tout cela, il est nécessaire de comprendre qu’il existe un effet psychique à la prescription d’un médicament qui faire partie du soin. Une relation médecin malade de qualité est indispensable au bon soin. L’Etat et les médias portent actuellement une lourde responsabilité sur la façon dont ils traitent la médecine, les médicaments et l’industrie pharmaceutique. Les patients en sont les premières victimes et les soignants s’en retrouvent maltraités. En touchant maladroitement au thermostat du métabolisme, l’Agence du médicament a révélé toutes les failles de notre système de santé dont se plaignent les soignants depuis de nombreuses années, sans trouver d’oreilles pour les entendre. En outre, il serait bien temps que les médias prennent leur responsabilité en donnant des informations contextualisées et non des faits tronçonnés qui n’attisent que les peurs. En effet lorsque l’on dit publiquement que « certains patients souffrent d’effets indésirables du fait du modification d’un médicament par son fabriquant et que des patients manifestent contre et réclament le droit d’avoir l’ancien », par syllogisme, on renforce automatiquement le scénario catastrophe de l’industrie pharmaceutique grand méchant et on alimente les troubles.

Tout cela devrait prendre fin car de guerre lasse, de plus en plus de médecins, épuisés, raccrochent leur blouse. Il est de plus en plus difficile de trouver un soignant. Vous savez notamment pourquoi!

 

Seznec jc et Rohant S. Médecine en danger, qui va nous soigner demain. Ed First

Seznec jc et Carouana L. Savoir parler, savoir se taire. Ed InterEditions

 

[1] file:///C:/Users/jcsez/Downloads/QR-levothyrox-2017_V3_Aout-2017%20(1).pdf

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11 septembre 2017 1 11 /09 /septembre /2017 09:34

Pour certains, travailler s’avère une expérience éprouvante. Réintégrer la vie professionnelle est un chemin qui ne s’improvise pas et qui demande une bonne gestion de soi et du monde du travail.

Cette expérience éprouvante est la conséquence de nombreux facteurs : environnement professionnel difficile, relationnel au travail malveillant mais aussi parfois due à des vulnérabilités personnelles comme le perfectionnisme à l’origine d’un trouble de l’adaptation.

De plus, nous traversons une période où le temps s’accélère. Ce qui faisait la valeur d’un professionnel une année peut être obsolète le lendemain ce qui est source d’insécurité et demande à chacun de se réinventer. Le monde de l’entreprise est aussi traversé par des évolutions et des restructurations génératrices de transitions sociales demandant à chacun une grande flexibilité psychologique pour s’adapter.

Parfois, on n’y arrive plus. On ressent une surcharge mentale, on se retrouve en lutte et on n’arrive plus à s’ajuster. Cela se traduit par de la souffrance au travail, voire du burn out, ou toutes ces pathologies recenser dans les risques psycho-sociaux.

Les risques psycho-sociaux ont été reconnu par notre société et font l’objet d’une écriture spécifique obligatoire dans le « document unique ». Le document unique est le document qui recense le plan de prévention de tous les risques encourus en entreprise. La France est probablement le pays où on possède les meilleures études sur les risques psycho-sociaux. En pratique, cela n’a pas véritablement changé pour les individus. Lorsque l’on est cassé et que l’on souffre au travail, on se retrouve bien seul pour gérer cette épreuve.

Pour aider les salariés, j’ai choisi de participer au livre coordonné par Sabine Bataille pour mettre à disposition de nombreux outils pratiques et fonctionnels afin de reprendre sa route. Après un burn out, l’être humain est cassé. La reconstruction est un long chemin où il faudra envisager différemment sa relation au travail et à soi. Ce processus demande de la créativité, de l’engagement mais aussi une dose de réalisme vis-à-vis du marché de l’emploi. Cela demande aussi de sortir de l’aversivité que nous procure le travail. En effet, après une telle épreuve, on ressent souvent comme une allergie au travail. Suite à un burn outil, est impossible de retravailler comme on le faisait avant.

Se reconstruire est un chemin qui nécessite une prise en charge psychologique mais aussi un bilan professionnel. Le cabinet RPBO propose une prise en charge globale (http://www.rpbo.fr/) pour les salariés mais aussi un accompagnement des DRH et des entreprises pour mieux réintégrer les salariés en difficulté. En effet, salariés comme employeurs ont intérêt légalement, financièrement, économiquement que tout le monde aille le mieux possible. Quant à la personne fragilisée, elle aura à se sécuriser et développer de nouvelles attitudes et habitudes pour surfer à nouveau dans la vie professionnelle sans reboire la tasse.

Alors pour vous libérer et vous délivrer, ne vous mentez plus. Osez être vous pour être acteur de votre vie. C'est la seule façon négocier avec souplesse le présent et la vie qui s'offre à vous.

https://www.youtube.com/watch?v=kxTeFyuLM3c

Bonne lecture !

 

 

 

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