Vivre est une aventure. Il n’est pas toujours facile de se développer et trouver son chemin dans le bazar de la vie. Une voie pour y arriver le mieux possible est de savoir accueillir ce qui se présente à nous, en prendre conscience, en trouver les opportunités pour choisir une action engagée. Il s’agit de négocier le présent et développer une intention, avec bonne volonté, pour explorer cet espace-temps qu’est la vie, tout tentant d’en donner du sens… Vaste programme ! La pratique de la pleine conscience et de la méditation sont des outils fort utiles à cette intention
La vie est ce qui nous arrive lorsque l’on a prévu autre chose.
Cette différence parfois contrariante. Il est tentant de rentrer en lutte avec la vie afin qu’elle réponde à nos attentes alors qu’elle est juste frustrante.
- Dans le premier cas, c’est source de tristesse. La tristesse nous informe que nous devons renoncer, en l’occurrence à nos attentes qui ne sont en fait que des histoires que l’on s’est raconter sur un éventuel futur. Cette tristesse stimule notre cerveau émotionnel qui va répondre par des ressassements sans fin pour résoudre un problème dont il n’a pas la réponse : le futur est mystérieux et la vie n’est qu’une suite de propositions dont nous n’avons pas le contrôle, tout comme le vent, les vague et le courant.
- Par contre, nous pouvons apprendre à surfer la vie en commençant à accueillir ce que la vie nous propose pour en faire une opportunité. La vague qui se présente à moi n’est pas exactement comme je la voudrai mais je la surfe. En effet, ce qui compte pour moi, c’est le surf et me jouer de la mer. Surtout si, je ne veux pas terminer comme Brice de Nice, coincé sur la plage, au risque de passer à côté de ma vie.
- Une autre image est se dire que vivre, c’est comme jouer au tennis. Il n’y a pas de « bonnes balles », il y a juste la balle que m’envoie mon partenaire de jeu. Je ne vais pas m’arrêter à chaque balle pour lui dire qu’il ne me l’a pas envoyé à l’endroit où je l’attendais ! Il risquerait de se lasser et de me laisse choir. Si je veux jouer à la vie, cela me demande d’accueillir les balles que me propose la vie pour les jouer, avec mon style. C’est ainsi que l’on devient joueur et que l’on peut prendre du plaisir à la vie. Tout comme le jardinier, il plante des graines tout en sachant que toutes ne vont pas donner. Sachant cela, il ne ressentira pas trop de douleur liée à la frustration de celles qui n’ont pas poussé. Il peut même pousser le vice à en tirer partie pour apprendre de son expérience et améliorer sa pratique.
Voici une clef pour vivre sereinement : Consentir à ce que la vie a de contrariant plutôt de la fuir ou lutter contre.
Il n’y a rien de normal, juste des choses à expérimenter, à vivre et à contempler. Il s’agit d’apprendre à moins juger, en tout cas à juger moins, un peu moins. Quitter une situation de surplomb pour se lover dans la vie. Comme le dit un sutra bouddhiste : l’homme qui se croit supérieur, inférieur ou même égal à un autre homme ne connait pas la réalité. Il s’agit juste d’être simplement soi.
Cessons les agitations, ne soyons pas presser de mourir. Aimons la lenteur, repousser, retarder, prolonger, rester au bord… Pour ne pas être des éjaculateurs précoces de la vie. La méditation est d’une certaine façon l’éloge de la lenteur.
Respirons pour apprendre de notre corps
La cause de notre misère psychique et émotionnelle est l’ignorance. L’ignorance de confondre notre esprit, mental, avec soi. Pour se découvrir, laissons toute activité intellectuelle de côté pour plonger dans notre corps et se nourrir de l’expérience qu’il nous procure, en faisant de la place à ce qu’il nous fait ressentir. On explore son être à travers notre respiration et notre perception sensoriel. Apprenons à écouter notre corps. Cela évitera qu’il nous le hurle ou que nous nous racontions des histoires sans fin source d’épuisement. Alors commençons par être curieux chaque jour de notre respiration et de son expérience. Laissons les croyances qui sont que le fruit du blabla de notre mental pour faire l’expérience de notre respiration. Au cours des retraites Vipassana, on se tait pour observer pendant dix jours cette expérience respiratoire, tout en apprenant à laisser de côté notre blabla, nos croyances et toute activité mentale pour juste expérimenter cette respiration qui nous inscrit dans l’instant présent.
Respirer nous permet de faire de l’espace en soi pour gagner en flexibilité psychologique.
- Une flexibilité attentionnelle afin de choisir où je pose mon regard afin qu’il ne s’éternise pas trop sur mon blabla intérieur ou mes poubelles de vie en arrière cuisine
- Une flexibilité comportementale afin de pouvoir choisir mes actions et mes intentions malgré le bazar de la vie afin de rester cohérent avec soi, authentique et aligner avec ses valeurs, sans jouer un rôle ou me perdre dans de la séduction pour tenter de répondre à mes attentes.
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Pourquoi méditer ?
Méditer est prendre conscience de soi et de se positionner à travers un « je ». Je suis moi et pas un autre. L’autre est autre. Il ne se compare pas. Il ne se juge pas. C’est juste un autre avec son expérience et sa perspective. Cela se traduit par s’exprimer en prenant appui sur son expérience en disant « je » et non le « tu » accusateur, lien de pouvoir, à l’origine d’une injonction à s’expliquer.
Je vous propose de vous asseoir simplement en silence, immobile, d’être présent à tout ce qui traverse le champ de votre conscience, de l’observer sans le juger, de ne rien attendre, de laisser faire et de lâcher prise pour vivre pleinement, avec gourmandise, cet instant. La répétition de cette assise permettra de décanter son intériorité pour retrouver l’esprit clair. Elle diminuera l’anxiété et le stress qui trouve leur source dans le jugement
La méditation, c’est être assis, en silence, immobile, conscient de tout ce qui se passe dans la conscience pendant le temps où on est assis. Méditer, c’est faire naitre à l’intérieur de soi un témoin qui observe le tourbillon des pensées sans se laisser emporter par elles. La méditation, c’est voir les choses comme elles sont. C’est se décoller de son identité. C’est découvrir qu’on est autre chose que ce qui se dit inlassablement dans son mental : moi ! moi ! moi ! C’est découvrir qu’on est autre chose que son égo. C’est une technique pour éroder son égo et toute l’importance que l’on donne et que l’on se donne. C’est plonger et s’établir dans ce que la vie a de contrariant, abonner le jugement et faire attention. C’est aussi observer les points de contacts en ce qui est soi et ce qui n’est pas soi. C’est observer les fluctuations mentales qu’on appelle les Vritti pour les calmer et les éteindre.
La méditation, c’est d’avoir conscience que les autres existent avec leurs expériences et leurs perspectives.
Méditer, c’est plonger à l’intérieur de soi et creuser des tunnels, construire des barrages, ouvrir de nouvelles voies de circulation et pousser quelque chose à naitre, et déboucher dans le grand ciel ouvert. Méditer, c’est trouver en soi une zone secrète et irradiante où on est bien. C’est tout simplement être à sa place, conscient de tout, tout le temps. Accepter ce qui se présente, arrêter de se raconter des histoires pour vivre l’instant présent. La méditation, c’est pisser et chier quand on pisse t et que l’on chie, rien de plus. Au final, la méditation, c’est ne rien ajouter.
Prêt à vivre et à vivre cet épopée qu’est l’existence?
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Emmanuel Carrière : Yoga. Ed POL
Jean-Christophe Seznec et Sophie Le Guen : Débrancher votre mental. Ed Leduc
Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana : Savoir se taire, savoir parler. Ed Interéditions ;