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27 novembre 2022 7 27 /11 /novembre /2022 19:06

J’ai beau chercher, je ne retrouve plus de rêves collectifs à partager. Ce genre de truc qui nous donne envie d’avancer tous de concert, qui noue une appartenance et qui forge un élan commun. Pouvoir se sentir bien tous ensemble sans se perdre dans des crêpages de chignons.

 

 

 

Depuis la pandémie du COVID-19, nous passons à nous défendre : contre le COVID, la variole du singe, le

réchauffement de la planète, la guerre en Ukraine, la menace nucléaire, la violence faite aux femmes, le droit à l’IVG, le droit des femmes en Iran, la disparition des espèces, etc et etc.

Notre système de santé s’écroule. Des services d’urgences ont dû fermer cet été faute de personnel. Les médecins libéraux vont se mettre en grève, ce qui arrive très rarement. A la rentrée, on avait des difficultés à trouver des enseignants… Grosse fatigue !

Même la coupe du monde de football, qui était l’événement qui arrivait à rassembler tout le monde, pour nous faire vibrer et rêver, est devenu polémique et source de bataille : pas le droit à l’alcool, pas le droit aux tenues que l’on veut (couleur arc en ciel, tenue de chevalier, expression d’idées, etc.).

La politique, au sens noble du terme, servait à nous questionner pour nous proposer des projets d’avenir. Désormais, ils ne font que faire le buzz pour tenter d’exister plus qu’une mandature. Ils sont devenus des influenceurs avec des followers sans structure politique qui construisait des idées politiques ou des convictions pour emporter un pays.


La disparition des rêves est tellement patente que le discours d’Obama aux élections des midterms à Philadelphie a été de dire que les Américains avaient besoin de retrouver des rêves.

Après, on raconte dans les journaux que les jeunes sont devenus flemmards et qu’il est devenu difficile de recruter du personnel dans les métiers de labeurs. Il semble que les jeunes ne croient plus aux plaisirs différés. Ils veulent argent comptant de leurs efforts. Ils semblent ne plus croire aux promesses dans cette société qui est devenue récréative faute de projet. Il semble que de plus en plus de personnes veulent soient gagner beaucoup d’argent ou sinon vivre de petits jobs porteurs de sens. Il est difficile de recruter dans le bâtiment, l’éducation nationale, des soignants, dans les banques, etc. et même des coiffeuses !

Le danger est que si on a plus d’espoir, on risque le désespoir. Il est source de trouble de l’humeur ou d’agitation, voire de violence.

On s’étonne que dans cette société individualiste et consumériste, la dépression est en train de devenir la première pathologie au monde et qu’elle est corrélée à l’obésité.

Nos politiques ont oublié que si on veut motiver des personnes à construire un bateau, on a besoin de savoir quel voyage on va faire avec !

Il me semble que nous avons besoin de retrouver du lien avec soi, avec les autres et avec la nature pour retisser un projet de vie. Une nouvelle écologie de soi dans un projet commun ?

J’ai envie de rêver, d’avoir du désir… Pas vous ?

 

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31 octobre 2022 1 31 /10 /octobre /2022 09:27

L'histoire du « premier sommeil » et du « deuxième sommeil » contient des leçons surprenantes sur la vie préindustrielle, et nous révèle une surprenante anxiété du XXIe siècle au sujet des insomnies. Il serait aussi faux de croire que le sommeil était idéal dans le passé.

Des millions de personnes souffrent de réveils de milieu de nuit qui peuvent durer des heures. C’est ce que l’on nomme le sommeil segmenté.

Dans l'Europe prémoderne, et certainement depuis bien longtemps, les gens s'endormaient régulièrement à la tombée de la nuit et se réveillaient vers minuit, pour se rendormir quelques heures plus tard, jusqu'au matin. Il semble que personne ne s’inquiétait de cet état de fait, les nuits hachées étaient la norme. Puis avec les temps modernes, le sommeil continu est devenu la norme, ou plus exactement, il a été considéré comme devant être na norme.

Roger Ekirch est un historien du sommeil qui a effectué des recherches sur le sommeil segmenté dans divers pays. Il a constaté que ce type de sommeil est mentionné dans de nombreux ouvrages européens depuis 1600. Il en a aussi obtenu la preuve dans les récits, contes et bibliothèques d’Afrique, du Moyen-Orient, d’Asie du Sud et d’Amérique latine.

Lorsque le sommeil était divisé en deux actes, les gens étaient créatifs pendant l'entracte. Ils n'avaient ni anxiété ni plainte à ce sujet et n’aurait pas songé en parler à un médecin. Ils en profitaient pour s’occuper à diverse taches. Pendant cette période de « dorveille » ou de "veille-sommeil", les gens se levaient pour faire pipi, traînaient près du feu, avaient des relations sexuelles ou priaient. Ils réfléchissaient à leurs rêves et se mêlaient au monde spirituel, à la fois divin et diabolique. Dans les années 1540, Martin Luther a écrit sur ses stratégies pour éloigner le diable : "Presque chaque nuit quand je me réveille... je le chasse instantanément avec un pet."

Les spécialistes actuels du sommeil utilisent volontiers les recherches d’Ekirch pour suggérer que le sommeil segmenté (ou biphasique) est ancien, et que le sommeil monophasique est un phénomène nouveau, et donc que les dormeurs d’aujourd’hui dorment mal.

Le sommeil préindustriel n'avait rien de romantique. La mort a menacé notre sommeil pendant des siècles. La criminalité nocturne était endémique, les maisons étaient un piège mortel, elles étaient vulnérables au feu, aux fuites du toit, à la chaleur ou au froid épouvantables, et à ce qu'Ekirch appelle « le tiercé gagnant de l'entomologie moderne : puces, poux et punaises." Quant à cette dorveille, c'était une deuxième journée de travail pour de nombreuses femmes, qui se levaient à minuit pour terminer les tâches ménagères.

Avec la révolution industrielle, la lumière, la caféine, les horloges et surtout les horaires de travail, la fatigue a progressivement installé un sommeil monophasique. En Occident, l’économie en plein essor a fait de la productivité une vertu et a inculqué un sens croissant de la conscience du temps. Au milieu des années 1800, les mouvements « Early Rising » avaient décollé en Angleterre et en Amérique. De nouvelles lumières artificielles retardaient l'heure du coucher, tandis que les nouveaux horaires d'usine exigeaient un réveil précoce. L’éclairage a également modifié nos horloges internes.

Chaque fois que nous allumons une lumière, c’est comme si nous prenions une drogue qui affecte notre sommeil, a déclaré Charles Czeisler, spécialiste du sommeil à Harvard. Lorsqu'une étude des années 1990 à l'Institut national de la santé mentale a privé une cohorte de sujets masculins de lumière la nuit, leur sommeil s'est segmenté au bout de quelques semaines.

Le sommeil segmenté serait donc naturel à l'humanité, et la révolution industrielle et le capitalisme moderne auraient ont détruit de mode de repos idéal.

La réalité est différente, car il n’existe aucune méthode universelle de sommeil et la diversité humaine concerne tous les aspects de la vie. Une étude de 2015 sur les sociétés de chasseurs-cueilleurs en Tanzanie, en Namibie et en Bolivie a révélé qu’ils ont toujours eu un long sommeil monophasique. Une étude de 2017 a révélé qu'une société rurale à Madagascar pratiquait le sommeil segmenté. Deux ans plus tard, une étude a révélé que les résidents autochtones de Tanna, dans le Pacifique Sud, avaient en majorité un sommeil ininterrompu.

Même au sein de l'Europe préindustrielle, le sommeil était variable. Les modèles de sommeil dans les cultures non occidentales semblent avoir été beaucoup plus diversifiés que ceux en Europe, mais ils étaient diversifiés partout.

Il n'y a aucune preuve que le sommeil était universellement segmenté, et il y a aussi peu de preuves que le sommeil segmenté est meilleur. Une méta-analyse de 2021 d'études sur les horaires de sommeil biphasique a révélé que les sujets à sommeil segmenté rapportaient en fait une qualité de sommeil inférieure et passaient plus de temps en phases de sommeil léger. Une conclusion raisonnable est que le sommeil biphasique est comme la recherche de nourriture anarchique : les deux ont peut-être bien servi certaines populations anciennes de temps en temps, mais aucun d'eux n'offre une solution claire aux problèmes modernes.

Ekirch, en tant qu'historien, pense qu’à aucun moment de l'histoire les conditions de sommeil humain n'ont été meilleures qu'aujourd'hui. Comparé à 99% de nos ancêtres, nous avons de meilleurs lits, de meilleures couvertures, de meilleures maisons et moins de parasites nocturnes. Si le but du sommeil est le bien-être mental et physique, il y a de très bonnes raisons de croire que le sommeil ininterrompu permet de mieux atteindre ce résultat.

Cette histoire du sommeil préindustriel et postindustriel nous livre un message simple, court et cohérent : le sommeil est adaptable et il s'améliore avec la routine. Différentes astuces fonctionnent pour différentes tribus, mais en fin de compte, nous sommes une espèce diversifiée, unie par un rythme circadien commun qui aspire à la cohérence.

Le sommeil est très flexible, et le corps aime vraiment la routine. Trouvez ce qui fonctionne pour vous et maintenez cette routine.

Il ne faut pas être obsédé par son sommeil, suivre sa qualité sur des appareils sophistiqués ou lire trop de conseils saugrenus sur ce qu’il faut faire et ne pas faire. Vouloir à tout prix optimiser son sommeil peut se retourner contre soi en créant une pression pour résoudre le problème de l'éveil. Comme tout insomniaque le sait, essayer de s'endormir est un paradoxe autodestructeur. L'insomnie est une bête qui se régale de sa propre anxiété auto-générée.

Mais le simple fait de connaître l'histoire du sommeil segmenté peut être un soulagement. Il y a de plus en plus de témoignages d'Amérique du Nord, d'Europe occidentale et d'Australie selon lesquels la connaissance de la normalité de ce sommeil segmenté a contribué à atténuer l'anxiété, permettant à certaines personnes de se rendormir plus facilement.

selon Luc Perino

 

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14 octobre 2022 5 14 /10 /octobre /2022 15:37
On vous explique ce que sont les troubles anxieux, au cœur de la série "Désordres" de Florence Foresti
Dans sa nouvelle série, en grande partie autobiographique, l'humoriste aborde de manière très directe ses crises d'angoisse, son anxiété et sa dépression.
 
Après le dernier album de Stromae, dans lequel le chanteur s'épanche sur sa dépression, c'est au tour de Florence Foresti d'aborder publiquement sa santé mentale. Et plus particulièrement les maux dont elle souffre depuis son enfance : les troubles anxieux.
 
Comme l'humoriste, un Français sur dix présente un syndrome anxieux, selon le ministère de la Santé. Ces troubles peuvent prendre différentes formes : les phobies, le trouble panique et l'anxiété généralisée.
 
C'est comme quand on a très peur de quelque chose de très dangereux. Certaines situations qui génèrent de la peur, comme les cauchemars, les accidents, les risques d'agressions, "où on perd le contrôle de soi". "C'est exactement ce qu'il se passe chez les personnes atteintes de troubles anxieux sévères, sauf que ça se déclenche sans raison ou de manière totalement disproportionnée
 
Si ces troubles sont courants, ils sont souvent mal compris. Car l'anxiété est une émotion commune à tous les êtres humains. Mais chez certaines personnes, cette émotion peut déclencher des crises, une accélération du rythme cardiaque ou encore une peur panique de sortir de chez soi. L'anxiété est une réponse fondamentale pour notre survie. C'est un comportement sélectionné par notre évolution pour que l'être humain puisse éviter les dangers.
 
C'est pourquoi il faut distinguer la peur, de l'anxiété. "La peur est la réponse physiologique et comportementale à un danger qui est présent. Alors que l'anxiété est l'anticipation d'un danger comme en présence de traces d'un prédateur, bien que celui-ci ne soit pas présent. La maladie anxieuse, c'est quand cette anxiété devient chronique et forte en l'absence de signes de danger
 
Le critère le plus important, c'est le caractère inadapté de l'émotion au contexte. Par exemple, si vous êtes anxieux parce que vous êtes retenu en otage en Ukraine, c'est normal, l'anxiété, même intense, n'est pas pathologique. Idem pour les personnes qui angoissent avant un examen, une opération chirurgicale. "En revanche, si vous faites une crise d'angoisse par rapport au facteur déclenchant, dans votre salon, sans raison apparente, cela devient pathologique.
 
Pour venir à bout de ces troubles, plusieurs solutions existent, médicamenteuses ou psychothérapeutiques. Les professionnels préconisent également de consulter un médecin psychiatre ou généraliste. L'anxiété est un symptôme recensé dans de nombreuses maladies et peut ainsi cacher une pathologie. Quand il est question de santé mentale, les gens pensent qu'il n'y a pas besoin de diagnostic, alors que c'est vital. Quand bien même, on parle d'un trouble panique, il faut faire les choses dans le bon ordre
 
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6 octobre 2022 4 06 /10 /octobre /2022 10:19

La Pandémie du Covid est un tsunami qui bouleversé notre façon de vie. La vie ne se pas jamais comme, on le prévoir. L’arrivée de ce virus et les bouleversements qu’il a induit était inimaginable jusqu’alors. Cette pandémie nous a demandé brutalement de faire le deuil à notre façon de vivre (activités, loisirs, etc.), elle a modifié notre façon de travail avec l’éclosion majeure du télétravail et modifié nos relations sociales du fait des gestes barrières. Pour l’homme grégaire que nous sommes, ces changements brutaux sont sources de souffrances. Le COVID est à l’origine d’une crise sanitaire, sociale et économique qui demande à chacun de la flexibilité psychologique et de trouver des ressources intérieures pour s’adapter. De nombreux citadins ont choisis de partir vivre en province, des activités professionnelles ont été stoppés (artistes, restaurateurs, stagiaires, etc.), d’autres ont dû apprendre à faire différemment (étudiants, enseignants, etc.). Enfin, d’autres se sont laisser prendre par la peur, la théorie du complot ou font les trolls sur le net, jamais content, pour purger leur anxiété dans l’agressivité.

 

Pour permettre de s’adapter, continuer à vivre tout en donnant du sens à la vie d’aujourd’hui, il est nécessaire de développer des compétences psychologiques que l’on retrouve dans la thérapie ACT (Acceptance et Comittment Therapy) pour savoir choisir ses comportements et se rapprocher de ce qui compte pour soi.

Canelle : Au fur et à mesure que le confinement et les gestes barrières continuaient, ma vie se résumait à métro – boulot -dodo. J’avais l’impression de vivre dans le film Fritz Lang Métropolis. La joie a disparu de ma vie. Soit j’étais à la maison toute la journée en télétravail, soit je courrais le soir pour rentrer à la maison avant le couvre-feu. Ce n’est pas vivre, cette vie. J’ai décidé de mettre les voiles pour partir dans une ville à taille humaine, où mon travail n’est pas pas la seule chose qui remplit ma journée, où j’ai le temps de jouer avec mes enfants, discuter avec mes voisins, faire, du jardinage, bricoler. Vivre quoi !

 

 

Des thérapies en constante évolution

C’est à la fin du XIXe siècle que le terme de « psychothérapie » est employé pour la première fois : Hippolyte Bernheim, professeur de pathologie interne à Nancy, souligne alors l’effet thérapeutique de la relation médecin/malade.

Les premières approches psychothérapiques ont été centrées sur la construction d’un espace de parole et d’un lien thérapeutique, et visent notamment à révéler au patient les conflits inconscients dont il souffre, pour l’amener à changer son organisation psychique. Des approches focalisées sur ce qui peut être objectivé, à savoir les comportements, leur ont rapidement succédé, en trois grandes vagues :

La première, dite comportementale, s’est étalée de 1950 à 1980). Elle a visé à substituer à un comportement inapproprié un autre qui soit plus adapté, en tenant compte des conséquences (on parle de conditionnement opérant) ;

La seconde vague, dite cognitiviste, a s’est étendue de 1980 à 1990. On s’est alors intéressé aux croyances négatives et aux pensées automatiques et dysfonctionnelles qui sont à l’origine de comportements inadaptés ;

Enfin la troisième vague est en cours. Elle regroupe une grande famille de thérapies dont la pleine conscience (mindfulness), la FAP (functional analytic psychotherapy, ou psychothérapie basée sur l’analyse fonctionnelle), ou encore l’ACT : toutes cherchent à prendre en compte les émotions, en intégrant les acquis des autres psychothérapies et en se concentrant sur l’instant présent.

Ajoutons que les thérapies cognitivo-comportementales, ou TCC, ont fait l’objet d’une évaluation au début des années 2000, de même que les thérapies psychanalytiques. Ce travail de synthèse a mis en évidence des résultats variables selon les troubles envisagés : les TCC se sont notamment révélées efficaces dans la prise en charge de la schizophrénie (stabilisée en ambulatoire et avec médicaments), de la dépression, du trouble panique, du stress post-traumatique, des troubles anxieux, de la boulimie, des troubles de la personnalité ou encore de la dépendance à l’alcool. L’ACT a quant à elle fait l’objet d’un certain nombre d’études mettant en avant son intérêt.

Les recherches en psychologie et les savoirs progressant, les techniques de psychothérapie évoluent. Parmi les plus récentes d’entre elles la thérapie d’acceptation et d’engagement (en anglais acceptance and commitment therapy, ou ACT) – une thérapie comportementale et cognitive qui met en pratique la théorie des cadres relationnels – est aujourd’hui en plein essor.

 

L’ACT, principes et objectifs

Développée par les psychologues américains Kelly Wilson, Steve Hayes et Kirk Strosahl, l’ACT vise d’abord à améliorer notre flexibilité psychologique, c’est-à-dire la capacité d’être en contact avec les émotions et les pensées du moment présent et d’être capable de générer des intentions cohérentes avec soi.

L’ACT est une thérapie comportementale. Pour y parvenir, elle s’appuie sur l’analyse des comportements selon le modèle ABC (antecedent, behavior, consequence). Contrairement aux autres TCC, cette thérapie ne cherche pas à faire adopter de nouveaux comportements par le biais de l’expérience (apprentissage pavlovien, opérant ou vicariant), mais par le biais du langage, dans une conversation clinique. Elle utilise le langage pour construire de nouvelles relations (théorie des cadres relationnels) et servir de levier au changement.

En pratique, l’ACT met l’accent sur l’instant présent en connectant les comportements à des valeurs de vie qui peuvent être incarnées à tout moment. En effet, par définition, le passé est passé et on ne peut plus agir dessus. En outre, avec le temps nous avons tous des casseroles plus ou moins douloureuses dans notre arrière cuisine. Le futur, nous ne le connaissons pas, sinon nous jouerions tous au loto. Le seul temps, où l’on peut agir est le présent, riche de ce que l’on a appris de nos expériences passées pour s’y engager avec bonne volonté et jardiner un futur.

Elle porte également l’attention du patient sur les pensées, émotions, et sensations physiques.

On construit aussi une boussole de vie, constituée de nos valeurs, de ce qui est précieux dans notre vie et de ce qui fonctionne pour nous, pour s’orienter dans le présent et choisir le comportement que nous aurons pour négocier ce présent. Cette boussole est propre à chacun. La façon dont on l’utilise dépend aussi des circonstances qui entourent l’action. De ce fait, on développer chez le patient des capacités de flexibilité, à la fois sur le plan de l’attention et des comportements.

Par exemple Natacha était ravie de télétravailler. Elle arrivait mieux à se concentrer et était moins déranger. Quant à Edouard, il a préféré rester sur son lieu de travail. Le cadre, croisé des collègues, étaient nécessaires pour maintenir son moral et son envie. Liliane adore jardiner car lorsqu’elle le fait, elle sent qu’elle se détache d’un mental envahissant pour être simplement avec ses plantes.

Il y a néanmoins un obstacle à dépasser. À savoir, l’évitement comportemental ou émotionnel induit par une expérience douloureuse. On peut en effet chercher à échapper à ce qui nous stresse sur le court terme (qu’il s’agisse de pensées, d’émotions, de sensations physiques), sans tenir compte des conséquences négatives sur le long terme. De fait, l’ACT ne vise pas à modifier la fréquence, la forme, ou l’intensité des expériences psychologiques douloureuses pour le patient, mais plutôt à intervenir sur les multiples moyens déployés pour les éviter.

Yasmine grignote le soir lorsqu’elle est fatiguée (évitement de la sensation physique de fatigue). Lola ressent le besoin de fumer régulièrement au travail lorsqu’elle sent la tension montée (évitement de la tension intérieure). Maxime ressasse toute la soirée de peur d’avoir fait mal à son travail (évitement de la pensée : je suis nul). Georges travaille sans compter pour ne pas penser et pour avoir le sentiment d’être à la hauteur. Géraldine s’apprête toujours avec soin et ne rate pas une occasion de faire plaisir (évitement de la pensée est-ce qu’ils aiment, qu’est-ce qu’ils pensent de moi, etc.)

L’Hexaflex : six axes de travail

Pour développer la flexibilité, le travail de l’ACT s’effectue donc selon six grands axes (d’où le nom d’Hexaflex), sans ordre préférentiel :

  • Le contact avec le moment présent : le patient est invité à observer en temps réel ce qui l’entoure, ce qu’il pense, ce qu’il ressent, depuis une perspective neutre et accueillante.
  • La défusion cognitive : il s’agit d’envisager les pensées ou émotions comme des phénomènes psychologiques différents des expériences réelles, pour s’en libérer.
  • L’acceptation : au contraire de l’évitement, le patient laisse aller et venir les pensées, émotions, sentiments ou souvenirs, en vue d’accepter ce sur quoi il n’a pas le contrôle pour le négocier au mieux, sans se laisser submerger.
  • L’observation de soi : elle consiste à distinguer le soi observateur du soi pensant, à observer les évènements psychologiques selon différentes perspectives.
  • Les valeurs : le patient doit découvrir ce qui compte le plus à ses yeux, pour construire une boussole de vie qui orientera ses actions.
  • Les actions engagées : il s’agit de se maintenir en mouvement vers ses valeurs par un ensemble d’actions, et d’en assumer les conséquences, c’est-à-dire les risques et les coûts.

 

Le déroulement d’une séance

Lors d’une séance, le thérapeute navigue d’un point à l’autre de l’Hexaflex en usant d’observations et de métaphores, parfois très ludiques, pour contourner les éventuels effets néfastes du langage. Ces métaphores, parfois humoristiques, permettent de construire des nouvelles relations, et d’apprendre des nouveaux comportements, sans s’en rendre compte. En effet, lorsque l’on a vu un mécanisme, on ne peut plus ne plus le voir.

Exemple : apprendre à faire la différence entre ce qui est grave (mortel ou handicapant) avec ce qui est embêtant, dérangeant, désagréable, frustrant, gênant, etc. Cette distinction est intéressante car notre cerveau émotionnel, initialement programmé pour notre survie, réagit particulièrement lorsqu’on lui dit que telle ou telle situation est grave. A nous de voir si on choisit des mots, pour décrire une situation, qui vont le réveiller ou non…

Pour aider son patient à se repérer dans ses ressentis et ses comportements, il peut positionner ces derniers sur la matrice Hexaflex, et développer la technique de l’« aïkido verbal », avec des séries de questions du genre : que percevez-vous à travers vos cinq sens ? Quels hameçons pouvez-vous remarquer ?

Les réponses sont positionnées dans la matrice, ce qui permet au patient de se repérer et de faire la part des choses entre ce qui se produit en lui, ce qu’il perçoit, et ce qu’il décide de faire. Il développe ainsi des compétences de pleine conscience, de flexibilité, donc de choix.

Modèle ACT de la matrice pour observer l’intention de ses comportements. Author provided

La séance procède ainsi par étapes pour le patient :

  • Observer et considérer ses ressentis, attitudes et comportements ;
  • Choisir d’effectuer de nouveaux comportements ;
  • Observer comment fonctionne ce choix ;
  • Choisir à nouveau, et ainsi de suite, en développant un apprentissage lié à l’expérience de ce qui fonctionne et en observant ce qui bloque.

Penser ce que l’on va (se) dire. (Se) dire ce que l’on va faire. Faire ce que l’on a pensé. Voilà qui résume le processus engagé lors d’une séance, qui se poursuivra et évoluera sans fin. D’une manière générale la durée d’une thérapie ACT est assez brêve, même si elle peut varier en fonction du contexte de chacun.

Face à un vécu intérieur douloureux ou inconfortable, l’individu peut choisir d’éviter ce ressenti à travers un comportement comme fumer ou manger. Le problème est que cet évitement fonctionne très bien à court terme, mais pas à long terme. En effet, une fois l’effet estompé, la personne se retrouve à nouveau au contact de ce vécu intérieur, au risque de répéter cet évitement et tomber dans l’addiction. Au risque, aussi, de s’éloigner de valeurs qui comptent pour elle comme la liberté, le respect, le fait de prendre soin de soi, etc.

Dans un tel contexte, l’ACT vise à aider les individus à apprendre à reconnaître les comportements qui fonctionnent pour eux-mêmes et pour les autres. Une compétence qui peut s’avérer utile à tout moment de la vie… Notamment en cas, de crise, où il est nécessaire de posséder une agilité pour s’ajuster à un monde incertain.

Conclusion

Alors que changer semblait difficile jusqu’alors, de nombreuses personnes ont changé radicalement de façon de vivre pour renouer à ce qui comptent pour eux. On a observé un retour à la nature, à l’agriculture avec le développement de projet de permaculture, aux travaux de mains (coutures, patisseries, etc.), le développement des circuits courts. Les anonymes des grandes villes se sont mis à parler et échanger avec leurs voisins dans leurs nouveaux logements de province.

Laurent : Pendant des années je ne connaissais pas mes voisins, dans mon immeuble, à Paris. Depuis que je vis, perdu dans la campagne, en Anjou, je connais et discute avec tous mes voisins qui sont à 2 – 3 km de chez moi.

Isabelle Graphiste : J’ai constaté que je dépérissai à Paris, faute de clients et fautes de lieux culturels, où me rendre pour m’inspirer. Je suis venu en Bretagne pour monter un projet de permaculture au sein d’un éco-lieu. Je vis de choses plus simples mais pour la première fois de ma vie, je me sens alignée avec moi-même.

Abdel, consultant : J’en avais marre d’être enfermer à Paris. Le premier confinement a été infernale entre le télétravail et les enfants à la maison. Nous avons vendu notre maison en région Parisienne et nous sommes partis vivre en Normandie, où nous avons acheté une maison. Je loue un studio à Paris ce qui me permet de revenir travailler deux jours par semaine au cabinet.

Toute crise passe une acceptation de ce qui se présente à nous, de définir ce qui compte pour nous et comment nous en rapprocher en fonction de ce qui compte pour nous.
Nous sommes passés tous à l’ACT, sans vraiment le savoir, pour se rapprocher de ce qui compte pour nous : écologie, humanisme, prendre soin de soi, etc.

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23 septembre 2022 5 23 /09 /septembre /2022 14:58

La bonne humeur se jardine et se cultive. Elle dépend de notre attitude et de notre façon d'aborder la vie. Alors si vous ne voulez pas prendre le risque de "déprimer", voici quelques trucs et astuces!

Faire naitre des émotions positives

  • S’offrir chaque jour un plaisir même petit (parce qu’on le vaut bien): café, carré de chocolat, un bain de soleil à une terrasse, une petite sieste…
  • Rire : regarder un film drôle (louis de Funès, Monty Python, etc.), raconter une blague, faire des calembours, etc. Un jour sans rire est un jour perdu comme dit le chanteur Henri Tachan.
  • Développer l’émerveillement. Sortir de la routine pour ralentir, contempler un plaisir sensoriel et aller à la recherche de la beauté qui nous entoure : observer la nature, l’environnement, un joli nuage, un coucher de soleil, les reflets de l’eau, une fresque peinte sur un mur, etc. Observer sans jugement, remarquer que c’est lç et regarder avec curiosité et gourmandise.
  • Développer la sérénité en laissant décanter notre cerveau : méditation, temps calme, éloigner les écrans et faire des pauses digitales. Fermer les yeux et respirer. A l’inspiration on absorbe une bouffée d’énergie et à l’expiration on évacue du stress pour se restaurer et se remettre en ordre dans l’instant, sans jugement ni commentaire.

 

Adopter une attitude constructive

Développer une attitude positive propre à la psychologie positive pour modeler son cerveau et l’extraire du biais de négativité.

  • Remarquer et noter les progrès que l’on fait en toutes choses
  • Voir les opportunités et non les problèmes à chaque situation de vie.
  • Choisir et décider avec intention et bonne volonté et non suivre des règles qui ne sont que des histoires que l’on se raconte.
  • S’engager pleinement en toute chose

Vivre en pleine conscience

  • Sortir du jugement et du commentaire pour essayer et faire. Quelque soit le résultat, c’est une opportunité d’apprendre quelque chose
  • Être attentif à ce que l’on fait en étant pleinement présent.
  • Être vraiment là et revenir au présent lorsque l’on sent que l’on s’échappe dans un vagabondage et que l’on flotte entre deux eaux comme la méduse.
  • Eloigner les automatismes et les réflexes, notamment d’évitement, de lutte ou de jugement.
  • Savoir observer ce qui se passe à l’intérieur de soit (flux de pensées, d’émotions ou de ressentis corporels) ou à l’extérieur de soi sans les juger ni les commenter.
  • Pratiquer la pleine conscience régulièrement.
      • Premier exercice faire dix respirations ventrales lentes et profondes en observant le mouvement de l’air qui passe les narines et en prêtant plus particulièrement attention à l’expiration.

Développer la résilience

  • Voir la vie comme un défi et une aventure et non comme une source de problèmes à résoudre.
  • Laisser au passé ce qui appartient au passé.
  • Voir toute chose comme une expérience et l’explorer avec curiosité sans jugement ni commentaire
  • Ne pas rater une occasion de se connecter à des personnes qui compte. Gare à l’isolement.

Être optimiste

Cela s’apprend. C’est une histoire de regard comme voir le verre à moitié plein au lieu d’à moitié vide.

  • Observer les écueils pour prendre conscience des espaces entre afin de s’y faufiler
  • Voir les opportunités de toutes choses.
  • Apprendre de ses erreurs en étant créatif comme les sœurs Tatin !
  • Ne pas se rendre responsable de toute chose. Gare à l’effet égocentrique des émotions négatives qui nous responsable de tout ce qui nous arrive.
  • Savoir se ressourcer en relisant des emails de sympathie, de félicitation, revisiter les succès que l’on a pris soin de noter dans son carnet de vie.
  • Noter chaque jour un sujet de fierté.
  • Amplifier les moments plaisants

Pratiquer la gratitude

  • Savoir être reconnaissant envers les événements et les personnes qui nous entourent et qui ont influé positivement sur notre vie.
  • Apprendre à être heureux de ce que j’ai et savoir le savourer.
  • Construire un journal de gratitude pour les noter chaque jour
  • Dire chaque jour ou chaque semaine les gratitudes que l’on a envers ses proches
  • Faites preuves d’altruisme et ne ratez pas une occasion de rendre service à quelqu’un

Identifier ses forces

Vous avez forcément des qualités si non vous risquez de faire un pêcher d’orgueil en pensant que vous êtes la personne qui est la plus nulle sur terre. Remarquer les ou demander à vos proches ce qu’ils apprécient à votre propos.

  • Agir en s’appuyant dessus et non faire à partir de ses fragilités pour se juger encore plus durement 

Seznec jc et Le Guen Sophie : Débranchez votre mental, trucs et astuces pour ne plus ressasser. 
Palazzolo J. : 7 clefs pour prévenir de la dépression. Cerveau et psycho; Septembre 2022

Palazzolo J : La psychologie positive. Que sais-je. 2020

 

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4 septembre 2022 7 04 /09 /septembre /2022 11:24

Tous l’été, nous avons été confrontés à des services d’urgences qui ont fermé faute de soignants. Par ailleurs, les maisons de santé sont désespérément vides faute de médecins. La rentrée scolaire est difficile par manque d’enseignants. De plus, ceux qui soignent, éduquent, protègent ou nourrissent présentent un taux de suicide deux fois supérieur à la moyenne nationale. Ces métiers ne sont d’ailleurs pas les seuls toucher par un manque de moyen humain. De nombreux autres, aujourd’hui, font face à des vagues de démission ou à des difficultés de recrutement. Pourtant être médecin, soignant ou enseignant a longtemps été considéré comme le graal des métiers et faisait la fierté de notre République (cf. les french doctors), riche d’un prestige qui les rendait attractifs. On se précipitait dans ces formations. Alors comment comprendre que de moins en moins de personnes veuillent exercer ces métiers, laissant la population dans le désarroi, au risque de déstabiliser notre pays. En effet, comment la République peut tenir si on ne peut s’y soigner ni s’éduquer ?

Tout cela arrive parce que notre pays semble souffrir du syndrome de la tranche de jambon. Cette maladie est le fruit de l’action cumulée de nombreux de décideurs bien intentionnés qui réfléchissent de façon administrative, sans lever le bout du nez de leur logique, pour prendre conscience de l’impact de leurs décisions sur le fonctionnement de la société.

Pour comprendre ce syndrome, prenons l’exemple fictif d’une tranche de Jambon passée au crible de notre administration.

  • Un premier haut fonctionnaire se préoccupant de la qualité des produits estime que la couenne qui entoure le jambon dénature le produit. Elle est rarement mangée et finit très fréquemment à la poubelle, ce qui est source d’un immense gâchis. Il décide donc que dorénavant le jambon sera vendu sans elle.
  • Un autre haut fonctionnaire se préoccupant des normes ISO remarque avec justesse que la qualité de la tranche de jambon n’est pas homogène et qu’il y a très souvent des morceaux de gras qui viennent s’immiscer en son cœur. Il décrète qu’ils doivent être retirés pour que tous les morceaux de jambon aient une qualité équivalente.
  • Le ministre de l’Agriculture a demandé que dorénavant le prix du jambon soit contrôlé pour permettre à tous les citoyens d’accéder à ce produit de base. Il sera désormais de 25 euros le kg. Cela sera aux industriels de se débrouiller pour proposer un produit qui rentre dans ce prix… L’accessibilité aux produits de consommation est un combat pour lui.
  • Le ministre de la Santé lance une campagne contre l’hypertension. Pour cela, il fait la chasse au sel dans les produits de l’agro-alimentaire. Echaudé par la crise du sang contaminé qui a traumatisé la classe politique, il ne veut pas être responsable d’un scandale sanitaire dû à l’excès de sel dans la tranche de jambon. Il demande dorénavant que celle-ci soit vendue sans sel ajouté.
  • Enfin, le délégué aux handicapés fait remarquer qu’en France, il existe de nombreuses personnes qui n’ont pas de dent et qui peuvent se sentir discriminer par une tranche de jambon solide. Pour répondre aux exigences d’égalité de notre République, il impose que la tranche de jambon soit proposée mixée à tous. Dent ou sans dent, la même tranche de jambon pour tous est son slogan !

Ainsi, notre tranche de jambon passée entre les mains de toutes ces personnes bien pensantes et défendant de juste valeurs se retrouve immangeable !

C’est le même mécanisme, quel que soit les orientations politiques, qui a agi sur notre système de santé et notre système éducatif et qui a dénaturé ces professions. Ces décideurs ont cependant oublié que ce ne sont pas des règles qui soignent ou éduquent mais des personnes. Cette dictature administrative a vidé de son essence ces fabuleuses professions et à fait fuir les professionnels nécessaires. Les soignants et les enseignants ne veulent plus être pris pour des tranches de jambon et préfère faire d’autres métiers. Ils ne veulent plus que d'autres imposent des choix déconnectés de leur pratique et que leur métier soit vider de son essence.

Le syndrome de la tranche de jambon est le fruit de l’idiocratie collective évoquée dans le livre de Guillaume Erner « Rater est un art ». Notre vision administrative et soviétique de la gestion de notre pays, pétrie de bonnes intentions, oublie de regarder comment fonctionne les décisions prises. Nos hauts fonctionnaires ont oublié que les règles sont au service des hommes pour construire un compromis social et non l’inverse. Faute de soignants et d’enseignants, devant l’avidité d’une société consumériste et infantilisée, ne pouvant faire face faute de moyens humains et savoir changer de logiciel, notre pays risque de rentrer dans une nouvelle crise de société. Sommes-nous capables de changer de perspective dans notre gouvernance et de passer à l’ACT[1]  pour une société plus fonctionnelle et aux actions plus contextuelles aux métiers de chacun! Les administratifs décident, les soignants et enseignants souffrent puis partent...

 

 

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4 septembre 2022 7 04 /09 /septembre /2022 10:06

Tous l’été, nous avons été confrontés à des services d’urgences qui ont fermé faute de soignants. Par ailleurs, les maisons de santé sont désespérément vides faute de médecins. La rentrée scolaire est difficile par manque d’enseignants. De plus, ceux qui soignent, éduquent, protègent ou nourrissent présentent un taux de suicide deux fois supérieur à la moyenne nationale. Ces métiers ne sont d’ailleurs pas les seuls toucher par un manque de moyen humain. De nombreux autres, aujourd’hui, font face à des vagues de démission ou à des difficultés de recrutement. Pourtant être médecin, soignant ou enseignant a longtemps été considéré comme le graal des métiers et faisait la fierté de notre République (cf. les french doctors), riche d’un prestige qui les rendait attractifs. On se précipitait dans ces formations. Alors comment comprendre que de moins en moins de personne veuillent exercer ces métiers, laissant la population dans le désarroi, au risque de déstabiliser notre pays. En effet, comment la République peut tenir si on ne peut s’y soigner ni s’éduquer ?

Tout cela arrive parce que notre pays semble souffrir du syndrome de la tranche de jambon. Cette maladie est le fruit de l’action cumulée de nombreux de décideurs bien intentionnés qui réfléchissent de façon administrative, sans lever le bout du nez de leur logique, pour prendre conscience de l’impact de leur décision sur le fonctionnement de la société.

Pour comprendre ce syndrome, prenons l’exemple fictif d’une tranche de Jambon passée au crible de notre administration.

  • Un premier haut fonctionnaire se préoccupant de la qualité des produits estime que la couenne qui entoure le jambon dénature le produit. Elle est rarement mangée et finit très fréquemment à la poubelle, ce qui est source d’un immense gâchis. Il décide donc que dorénavant le jambon sera vendu sans elle.
  • Un autre haut fonctionnaire se préoccupant des normes ISO remarque avec justesse que la qualité de la tranche de jambon n’est pas homogène et qu’il y a très souvent des morceaux de gras qui viennent s’immiscer en son cœur. Il décrète qu’ils doivent être retirés pour que tous les morceaux de jambons aient une qualité équivalente.
  • Le ministre de l’Agriculture a demandé que dorénavant le prix du jambon soit contrôlé pour permettre à tous les citoyens d’accéder à ce produit de base. Il sera désormais de 25 euros le kg. Cela sera aux industriels de se débrouiller pour proposer un produit qui rentre dans ce prix… L’accessibilité aux produits de consommation est un combat pour lui.
  • Le ministre de la Santé lance une campagne contre l’hypertension. Pour cela, il fait la chasse au sel dans les produits de l’agro-alimentaire. Echaudé par la crise du sang contaminé qui a traumatisé la classe politique, il ne veut pas être responsable d’un scandale sanitaire dû à l’excès de sel dans la tranche de jambon. Il demande dorénavant que celle-ci soit vendue sans sel ajouté.
  • Enfin, le délégué aux handicapés fait remarquer qu’en France, il existe de nombreuses personnes qui n’ont pas de dent et qui peuvent se sentir discriminer par une tranche de jambon solide. Pour répondre aux exigences d’égalité de notre République, il impose que la tranche de jambon soit proposée mixé à tous. Dent ou sans dent, la même tranche de jambon pour tous est son slogan !

Ainsi, notre tranche de jambon passée entre les mains de toutes ces personnes bien pensantes et défendant de juste valeurs se retrouve immangeable !

C’est le même mécanisme, quel que soit les orientations politiques, qui a agi sur notre système de santé et notre système éducatif et qui a dénaturé ces professions. Ces décideurs ont cependant oublié que ce ne sont pas des règles qui soignent ou éduquent mais des personnes. Cette dictature administrative a vidé de son essence ces fabuleuses professions et à fait fuir les professionnels nécessaires. Les soignants et les enseignants ne veulent plus être pris pour des tranches de jambon et préfère faire d’autres métiers. Ils ne veulent plsu que d'autres imposent de choix déconnecter de leur pratique et que leur métier soit vider de son essence.

Le syndrome de la tranche de jambon est le fruit de l’idiocratie collective évoquée dans le livre de Guillaume Erner « Rater est un art ». Notre vision administrative et soviétique de la gestion de notre pays, pétrie de bonnes intentions, oublie de regarder comment fonctionne les décisions prises. Nos hauts-fonctionnaires ont oublié que les règles sont au service des hommes pour construire un compromis social et non l’inverse. Faute de soignants et d’enseignant, devant l’avidité d’une société consumériste et infantilisé, ne pouvant faire face faute de moyens humains et savoir changer de logiciel, notre pays risque de rentrer dans une nouvelle crise de société. Sommes-nous capables de changer de perspective dans notre gouvernance et de passer à l’ACT[1]  pour une société plus fonctionnelle et aux actions plus contextuelles aux métiers de chacun!

 

 


[1] Acceptance and commitment therapy

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29 juillet 2022 5 29 /07 /juillet /2022 10:57

Voilà l’été, la chaleur, les baignades mais aussi le fameux maillot de bain… Lequel prendre ? celui que l’on a au fond du tiroir depuis des lustres ? D’ailleurs, est-ce qu’il est encore à la mode (saleté de mode, pfff… !) ? S’en acheter un autre ? mais lequel ? Est-ce qu’il va nous aller ? Comment faire avec notre fragilité et notre sensibilité à peine voilées par ce petit bout de tissu… ? Comment faire avec ce corps qui échappe irrémédiablement à nos envies, nos désirs, nos fantasmes… Tant de questions parfois… et grand exercice d’acceptation !

La plage est un espace social où l’on se montre et où l’on s’exprime notamment à travers ce vêtement. Il est le plus petit vêtement qui nous habille en public et qui va exprimer quelque chose de nous malgré notre quasi-nudité, tout comme le nez rouge du clown est le plus petit des masques derrière lequel on tente de se cacher pour mieux exprimer humanité. Derrière cette pièce de tissu, il va parfois apparaitre des questions existentielles : suis-je beau ou belle ? Suis-je séduisant ? mais aussi des questions narcissiques : est-ce que je m’aime ? Quelle place ou présence, je m’autorise à prendre ? Comment je cohabite avec mon enveloppe corporelle ?

Parfois, il peut aussi être l’objet d’une théâtralité ou d’un discours de soi avec des ornements, des trous ou des coupures plus ou moins judicieux, au risque qu’il nous entoure comme une guirlande ou nous saucissonne comme un rôti de porc (désolé pour l’image…).

Le port d’un maillot de bain est aussi un exercice d’affirmation de soi, de son style, de sa personnalité. Le meilleur est celui que l’on a choisi pour soi, pas pour les autres (chacun ses gouts, on ne peut pas plaire à tout le monde), parce qu’il nous plait, parce qu’il répond à nos besoins (confort, pratique pour se baigner ou bronzer, etc.), parce qu’il est adapté à nous, à ce que l’on veut montrer de soi. Quoiqu’il en soit, comme tout vêtement, il faudra s’autoriser à ce que quelque chose nous échappe. En tout cas, plus on veut « avoir l’air » avec un vêtement, plus on risque le ridicule, à moins d’en jouer, tout comme l’Auguste le fait avec un vêtement mal adapté.

Pour finir, n’oublions pas que le maillot de bain se porte en VACANCES. Le cerveau est à laisser au placard. Alors ne nous prenons pas trop la tête sur ce sujet. Il n’y a pas de bon choix. Le plus important est de faire de votre choix : un bon choix, en l’assumant, sans vous poser trop de questions, pour mettre votre attention sur le plaisir des vacances. N’oublions pas, il s’agit des vacances, et qu’importe le ridicule qui nous échappe, il s’agit d’oser être soi, pour rire, s’amuser et savourer l’instant.

Bonnes vacances !               

Ps : si la question du maillot de bain est trop sensible, il reste l’option du naturisme… 😉

Téléconsultation qare.fr

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24 juillet 2022 7 24 /07 /juillet /2022 09:08

Nous vivons aujourd’hui un douloureux paradoxe : notre système de santé va mal, les urgences sont en crises, on demande de plus en plus aux médecins et de l’autre côté les soignants sont confrontés à un nombre croissant de rendez-vous médicaux non-honorés qui exercent une influence majeure sur l’offre de soin. En effet Jérôme Marty, président du syndicat des médecins ; l’UFML, constate dans son blog qu’il y a « 22 millions de passages aux urgences hospitalières chaque années et 28 millions de rendez-vous non honorés par les patients auprès des médecins ».

Comment accepter ce fait des rendez-vous non honorés alors que les urgences sont en surchauffent ?  En effet, on constate que les soignants désertent de plus en plus les urgences devant la surcharge de travail, l’irrespect et le consumérisme de certains patients, ce qui amènent, faute de soignants suffisant, à fermer certaines d’entre elle, ce qui met en péril la santé de certains patients qui en auraient besoin. La crise des urgences engendre aujourd’hui à des solutions abracadabrantesques :

  • on demande aux généralistes de recevoir des soins non programmés (urgences) alors qu’ils sont débordés de travail du fait du manque de médecins traitants, qu’ils doivent gérer les urgences de leurs patients, etc.
  • On essaie d’instaurer un tri des patients en amont des urgences par des infirmière ou des régulateurs qui ne prennent pas suffisamment de temps pour examiner la situation de ces patients. Cette disposition aboutie au fait que certains patients qui auraient besoin des urgences n’y ont pas accès ce qui entraine une perte de chance. Je suis inquiet du bilan sanitaire de cette mesure qui sera à évaluer.

Comment comprendre ce rapport consumériste et égoïstes du soin, dans le cadre de cette crise de la santé, qui amène certaines personnes à prendre rendez-vous et à ne pas les honorés sans prévenir les médecins et en sachant que ce temps médical sera perdu pour d’autres patients qui n’arrivent pas à trouver de médecins traitants ou un rendez-vous suffisamment rapide pour les soigner dans leur détresse ?

Ce comportement est le fruit d’une irresponsabilité collective. On a fait du soin un droit puis un produit de consommation en dénaturant la fonction de soignant. La logique administrative et comptable du soin qui impacte notre système de santé depuis 30 ans a transformé le soignant en employé de santé. On a par ailleurs développé les supermarchés du soin avec les centres de soin low cost ou avec les maisons de santé. Tout cela a eu des effets indésirables sur la perception du soin par certaines personnes de la population. Une enquête révélée dans le quotidien du médecin révèle que : 15 % des Français (mais trois jeunes sur dix) avouent avoir déjà posé un « lapin » à leur médecin – dont 6 % plusieurs fois. Les jeunes de 25 à 34 ans sont les plus nombreux à reconnaître leur défection. Pire, pour justifier leur comportement indélicat, les Français n'avancent pas toujours de raison valable : ils invoquent un oubli (48 %), une contrainte d'agenda de dernière minute (17 %) ou parce que ce n'est pas si grave de ne pas prévenir (4 %)…[1]

On ne peut résoudre la terrible crise de la santé en demandant aux seuls soignants de fournir un effort. Comme il est impossible de remplir une baignoire qui fuit, il est impossible de fournir une offre de soin suffisante si les rendez-vous médicaux ne sont pas honorés.

Pour que cela change, il est nécessaire de redonner de l’estime et du respect au soin et au soignants. L’Etat doit commencer par redonner l’exemple si l’on veut que la population générale le fasse. Ensuite, il est désormais nécessaire que les patients soient responsabilisés dans leurs actes. Pour cela, les patients doivent maintenant réservés un rendez-vous avec une caution financière. Si le rendez-vous n’est pas honoré, cette caution ne sera pas rendue tout comme ce qui se passe dans les locations habituellement. Louer du temps médical à un coup. On ne peut plus le galvauder[2].

 

[1] https://www.lequotidiendumedecin.fr/archives/rendez-vous-non-honores-les-lapins-se-banalisent-et-pourrissent-lagenda-medical-et-les-patients-le

[2] https://www.change.org/p/responsables-politiques-diminution-des-consultations-non-honor%C3%A9es-chez-les-m%C3%A9decins?recruiter=377534780&utm_source=share_petition&utm_medium=copylink&utm_campaign=share_petition&fbclid=IwAR3mKvDGhxJiVtiLabCx1YZ-XV_Qa6fPPMTjw-LL9B7VmafBAFl0lEOg0Cw

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20 juin 2022 1 20 /06 /juin /2022 21:37

Enfant sensible, je suis me suis transformée hypersensible à l’adolescence. Cette métamorphose a été pour moi très perturbante. A la moindre interaction avec le monde, mon être et mon corps se mettaient à frissonner. Peu de choses me faisaient trembler pour me mettre en alerte devant je ne sais quoi. Je ressentais des vagues émotionnelles qui m’envahissaient comme un tsunami. Aussi, je craignais d’être débordé et de me noyer dans ces perceptions. Tout mon corps se mettait à s’exprimer fortement dès qu’il m’arrivait quelque chose. Ensuite, c’est comme si une sirène se mettait à hurler en moi avec mon cerveau qui criait : Danger ! Attention, Danger ! J’avais l’impression que tout me stressait… avec une forte envie de disparaitre dans une grotte. Cette sensibilité m’handicapait pour sortir, travailler et tout simplement vivre. Je m’imaginais des tas d’histoires sur toute chose.

Il m’a fallut un moment pour comprendre que je fonctionnais comme une anémone de mer. Comme elle, je suis sensible dès que quelque chose me touche. Cela me fait ffff…. Oh, la, lala ! J’avais l’impression que j’allais m’écrouler à chaque instant comme une rose voit tomber tous ses pétales au moindre vent. Tout comme elle, mon premier réflexe de défense était de me rétracter. Pourtant… me défendre de quoi ? De la vie ? J’ai appris à observer que le flux de la vie, tout comme le flux de l’eau, n’est pas source de danger pour moi comme pour l’anémone. Certes la vie est parfois inconfortable, incertaine, désagréable… mon cerveau émotionnel aimerait savoir ce qui va se passer, contrôler, ou avoir une carapace protectrice tout comme le homard… mais la vie est rarement dangereuse, si on fait ce qui ce qui faut pour prendre soin de soi, pour avoir à se mettre en position de défense, nouée, serrée, en permanence. Il n’y a pas des requins à chaque coin de rue malgré ce que tente me raconter mon cerveau. Aussi, je n’ai pas à m’emballer dans une rétractation inutile, à me stresser pour tout. D’ailleurs, le mot stress vient du latin stringere qui signifie « rendre raide», «serrer», «presser». Lorsque quelque chose me touche, mon premier réflexe est de me resserrer. La première étape a été de supprimer le mot stress de mon langage qui me figeait pour retrouver du mouvement. Désormais, je dis que telle situation m’éprouve, que j’ai besoin de m’adapter, de m’ajuster, de digérer, de trouver plus de confort, etc. J’emploie des termes plus ouverts au mouvement de la vie.

Ensuite, il m’a fallu tout un travail pour accueillir et accepter d’être touchée, de ressentir des sensations et de les voir non pas comme des problèmes mais comme des ondes de vie qui rayonnent en moi, éclairant mon humanité. Ce n’a pas été facile de faire de la place à l’expérience corporelle que je ne contrôlais pas, de ne pas l’interpréter comme source d’insécurité. Pour cela, j’utilise la respiration ventrale pour apprivoiser ce que me fait vivre mon corps, savoir rester au contact de ses vibrations sans paniquer et digérer l’intensité des émotions que cela m procure.

J’ai aussi compris que cette sensibilité était un atout pour vivre des expériences, des plaisirs ou des extases qui ne sont pas accessibles à tous et qu’elle me permet désormais de percevoir, dans les relations humaines des choses que ne perçoivent pas les autres. Mon cœur d’anémone est devenu un précieux outil pour m’aventurer dans la vie. Progressivement, j’ai appris à ouvrir mon être à la vie comme l’anémone laisse ses filaments flotter librement dans l’eau et à dominer ma peur. Il ne faut pas confondre danger, alarme et sensibilité. Elle est le point de départ de mon intelligence émotionnelle. Certes, il m’a fallut du temps pour comprendre que ces sensations et ces émotions n’étaient pas une maladie, qu’il n’y avait pas besoin de forcément prendre des substances pour anesthésier mon corps et qu’il ne fallait pas que j’écoute mes alarmes intérieures qui se déclenchaient pour des stimuli non dangereux, la fameuse machine à blabla !

Je suis comme une anémone et je suis désormais fier de cette sensibilité que j’ai appris à apprivoiser pour en faire une opportunité de vie. Et vous ?

Mona

Siaud-Facchin J et Seznec JC : Grandir, vivre, devenir. Ed Odile Jacob

 

 

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